Le 28 juin 1969, à New York, il est tard dans la nuit et les festivités vont bon train au Stonewall Inn, l’un des rares bars fréquentés par celles et ceux qu’on surnomme weirdos. Et pour cause, il suffit de pousser les portes de l’établissement pour se retrouver nez à nez avec des hommes et femmes transformés, perruques et talons haut en apparats privilégiés. Pourtant cette soirée verra éclore une fleur trop longtemps rester cachée du soleil. Comme à son habitude, une brigade de police new-yorkaise s’immisce dans ce monde aux mille couleurs pour le noircir de ses matraques, sans se douter que cette soirée s’inscrira dans l’Histoire. Les tensions éclatent et le sang coule sur le parquet de danse, faisant de cette date le début d’un militantisme qui prendra une ampleur mondiale. Un an après ces violentes émeutes, la première Pride – Marche des Fiertés – voit le jour à Los Angeles et à New York, rapidement suivie par les villes du monde entier depuis lors.
Cette lutte s’est tout de suite vue portée par des images, qui se sont mises à se mouvoir à mesure de son expansion. Jean-Louis Comolli écrit dans son ouvrage Une certaine tendance du cinéma documentaire que « C’est en documentaire que la parole filmée prend force et beauté, que les corps filmés, quels qu’ils soient, acquièrent une dignité ». La force de représentation de l’image est ici captée par ces quelques mots, qui soulignent l’outil militant qu’incarne la caméra. L’image documentaire et télévisuelle a ainsi été un élément clé dans la diffusion du mouvement LGBTQ+, portant un message d’espoir sur les écrans isolés d’individus exclus de la société. Sa réalité se voit conférée par une captation simple et spontanée des aléas qu’elle immortalise, là où la fiction perd de cette vérité selon Jean-Louis Comolli. Pourtant les personnages queer – mot pouvant se traduire par « étrange » ou « peu commun » et désignant l’ensemble des minorités sexuelles et de genre – ne cessent de se multiplier dans les films et séries de fiction ces dernières années. Alors cette tendance au cinéma LGBTQ+ s’inscrit-elle dans un véritable engagement politique, ou plutôt dans un effet de lissage et de marketing artistique?
Passage d’une vie d’ermite à celle d’une communauté portée à l’écran
Le 23 décembre 1993, un très beau cadeau de Noël sort dans les salles obscures américaines: Philadelphia, écrit par Ron Nyswaner et réalisé par Jonathan Demme, s’illustre comme le premier film hollywoodien traitant du sida, de l’homosexualité et de l’homophobie. Le spectateur y suit Andrew Beckett, un brillant avocat viré de son cabinet du jour au lendemain pour « faute professionnelle ». Mais persuadé d’être victime d’une discrimination à l’encontre des hommes gays séropositifs, il attaque son cabinet pour licenciement abusif et propose au public américain l’une des premières fictions évoquant les discriminations homophobes. Le film n’hésite pas à investir un terrain glissant en faisant se rencontrer Andrew et Joe Miller, un avocat noir aux tendances homophobes qui s’ouvre et décide de s’engager pleinement dans la lutte de son confrère. Le parallèle avec les luttes contre le racisme est évident, et le film fait ainsi converger les questionnements sociaux qui font rage dans le pays. Sa symbolique a su toucher le reste du monde, et c’est en étendard LGBTQ+ qu’il a été brandi, en tant que fiction majeure au service des mouvements queer, dont la chanson Streets of Philadelphia de Bruce Springsteen est devenu un hymne. Dès le premier couplet, les paroles sont lourdes de sens: I was bruised and battered and I couldn’t tell what I felt (J’étais meurtri et blessé et ne pouvais dire ce que je ressentais) / I was unrecognizable to myself (J’étais méconnaissable) / Saw my reflection in a window I didn’t know my own face (J’ai vu mon reflet dans une vitre, je ne reconnaissais pas mon propre visage) / Oh Brother are you gonna leave me wasting away (Oh mon frère, vas-tu me laisser dépérir ?) / On the streets of Philadelphia (Dans les rues de Philadelphie). La détresse est palpable, et le choix de la ville de Philadelphie illustre une triste réalité : celle-ci est née du rêve de son fondateur, William Penn, d’en faire un exemple de tolérance pour les autres nations. C’est malheureusement tout l’inverse que met en relief le film, ballotant les personnes atteintes du sida et bafouant complètement un rêve vite oublié, en présentant une réalité désenchantée.
Si Philadelphia est le représentant d’une des premières fictions engagées politiquement en faveur des mouvements queer au cinéma, c’est une série souvent moquée qui est son pendant direct sur le petit écran : Glee, créée par Ryan Murphy, débarque le 19 mai 2009 sur les télévisions américaines. Le synopsis est simple : Will Schuester, professeur d’Espagnol au lycée William McKinley, décide de reprendre la gestion du Glee Club de l’établissement, une chorale laissée à l’abandon par son prédécesseur. C’est ainsi qu’il réussit à force d’enthousiasme et de persévérance à réunir le minimum d’élèves requis pour accéder aux compétitions régionales, puis nationales de chorales lycéennes des Etats-Unis. La force de cette série, qui garantira son entrée au palmarès de nombreuses cérémonies de récompense télévisuelles américaines – notamment les Golden Globes et les Emmy Awards – se trouve dans son extrême diversité. Noirs, Juifs, Asiats, Blancs, Gays, Hétéros, Cisgenre, Transgenre, Handicapé.es, hommes et femmes sont acceptés dans la chorale, et sont invités à chanter sur leurs différences à partir de chansons d’artistes qu’ils admirent. Se faisant l’exacte application des paroles de la chanson Born This Way de Lady Gaga, que les élèves reprendront en exposant fièrement leurs complexes dans l’épisode 18 de la deuxième saison, la série de Murphy devient un phénomène populaire extrêmement important auprès des jeunes spectateurs. Sans être parfaite, allant côtoyer des clichés parfois assez grotesques, elle réussit à contrecarrer les critiques et les adjectifs que ses détracteurs lui assènent: de « niaise » elle en devient « nécessaire de rappeler certaines évidences », et de « patchwork » elle en ressort « toile de maître d’une diversité réelle et assumée » aux yeux de son public. Feel-good series ou véritable tournant des représentations audiovisuelles de la communauté LGBTQ+? Ne se voulant jamais moraliste, Glee aura en tout cas eu le mérite de mettre à jour les discriminations latentes de la société qui naissent dès le lycée, et de rappeler le sentiment qui nous rassemble par notre commune humanité. Mieux encore : elle aura permis à nombre de jeunes perdus et effrayés de s’assumer et d’être fiers d’exister.
Démocratisation et starification des personnages queer
Philadelphia et Glee font partie d’un ensemble de films et de série ayant contribué à véhiculer un discours sur les individus queer de nos sociétés, permettant ainsi aux personnages fictionnels portant leurs couleurs de se démocratiser. La multiplication accélérée de ces personnages sur nos écrans depuis le début de la décennie a amené à penser à une starification de la communauté LGBTQ+ dans les oeuvres audiovisuelles. Entre personnages principaux et secondaires, des représentants queer sont de plus en plus présents dans beaucoup de films différents, faisant de cette récente constante une nouvelle case à cocher dans le cahier des charges des scénaristes. Alors, assistons-nous à un simple aspect « politiquement correct » quand un personnage queer apparaît aujourd’hui à l’écran, ou certaines oeuvres portent-elles encore haut et fort les discours politiques de ces mouvements ?
La multiplication de séries Netflix a provoqué un effet de mode et de marketing LGBT
Plusieurs branches sont à distinguer dans le paysage des films désormais labellisés « LGBT » sur les plateformes de diffusion et par les distributeurs. Le marketing cinématographique se doit, s’il veut toucher une cible adolescente la plus large possible, de présenter des personnes de toutes origines ethniques, genrées et sexuelles et ainsi plaire aux jeunes qui s’ouvrent sur ces questions d’égalité. Il suffit de regarder le catalogue Netflix depuis 2010 pour s’en rendre compte : Riverdale, Tiny Pretty Things, Elite, Sex Education, Stranger Things… Bien que toutes ces séries traitent de thèmes différents, elles présentent toutes au moins un personnage noir, latino et homosexuel, pour répondre aux nouvelles attentes du public, notamment américain. Entre véritable volonté politique de présenter un panorama le plus divers et proche de la réalité sociétale possible, et un marketing audiovisuel qui remplit tous les critères communautaires, il n’y a qu’un pas.
Ce sont pourtant des films importants qui apparaissent au milieu de ce nouveau paysage multicolore: pensons à La Vie d’Adèle – Palme d’Or au Festival de Cannes en 2013 – ou à Danish Girl – film revenant sur la première femme transsexuelle subissant une vaginoplastie. Rappelons-nous de la filmographie de Dolan et de la série Sense8 des soeurs Wachowski. La question des individus queer et de leur isolement imposé par la doxa hétéronormée n’a cessé de faire clore des oeuvres pleines de sens pour une communauté sous-représentée, et a permis de laisser une empreinte aussi bien politique qu’artistique qui commence à apparaître clairement dans le paysage audiovisuel. Seulement, la starification et le phénomène de mode qu’imposent des programmes très majoritairement dirigés vers les adolescents met à mal les efforts d’engagement politique de la fiction, pour faire de ces thématiques de nouveaux points d’accroche marketing auprès des publics. Mais alors comment « bien » représenter la communauté queer à l’écran?
« Bonne » ou « mauvaise » représentation : savoir naviguer dans une mer de clichés
Savoir si une communauté est bien représentée ou non par la fiction est en définitive impossible : seule la communauté concernée est légitime à valider ou non une représentation de son quotidien et de ses caractéristiques, mais là encore une pluralité d’individus au sein de cette même communauté pourra se trouver en désaccord ou ne pas se sentir « bien » représentée par le film ou la série portés à l’écran. Il s’agit dès lors non pas de parler de « bonne » ou de « mauvaise » représentation, mais plutôt de pouvoir les multiplier pour que celles-ci ne stagnent pas et ne véhiculent pas des clichés plutôt que des idées et une diversité. C’est finalement le rôle de la fiction au cinéma et sur le petit écran que de proposer toujours plus de nouvelles représentations LGBTQ+, en faisant varier les milieux sociaux, les couleurs de peau ou encore les cultures d’origine, pour se faire le tableau le plus fidèle possible des différentes réalités queer.
Ne pas être représenté.e donne l’impression de ne pas exister. C’est pourquoi l’association GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) naît en 1985 et se charge depuis lors de la veille médiatique sur la représentation et les discriminations de la communauté LGBTQ+ dans les médias. Chaque année, l’association produit un rapport qui présente plusieurs calculs sur le nombre de personnages queer apparus dans les films produits par les huit plus gros studios américains que sont The Walt Disney Studios, Warner Bros., Universal Pictures, Sony Pictures, Paramount Pictures, Lionsgate, STX Films et Les Artistes associés (United Artists Releasing). Ainsi, en 2019, 22 personnages issus de la communauté LGBTQ+ sont apparus dans les 118 films réalisés par les studios précédemment cités. Selon la présidente de GLAAD, Sarah Kate Ellis : « Bien que nous ayons une évolution constante de la représentation LGBTQ+ à la télévision ces dernières années, les films mainstream continuent de prendre du retard », soulignant le manque encore très important de représentations queer au cinéma. Une autre donnée est mise à l’honneur: le temps d’écran des personnages queer. Bien inférieur à leurs homologues hétérosexuels, ils apparaissent moins de dix minutes à l’écran. « […] plus de la moitié de tous les personnages LGBTQ avaient encore moins de trois minutes de temps d’écran (56 %) », souligne l’association américaine. La présidente termine en rappelant que « Si les studios de cinéma veulent rester pertinents pour le public d’aujourd’hui et rivaliser dans une industrie qui met l’accent sur la diversité et l’inclusion, alors ils doivent de toute urgence inverser la courbe de la représentation des femmes et des personnes LGBTQ+, de couleur, ainsi que l’absence totale de personnages trans. ».
Plusieurs conclusions sont à tirer de ce rapport: dans les films dits « mainstream », c’est-à-dire diffusés au grand public et pour beaucoup étant des films à gros budget, une très petite part des personnages appartiennent à la communauté LGBTQ+, et ceux qui apparaissent à l’écran y restent très peu de temps. De plus, proposer un personnage queer ne garantit pas que celui-ci soit nuancé dans son propos ou la représentation qu’il porte de ses semblables, véhiculant dès lors pour beaucoup des clichés déjà trop ancrés. Il devient ainsi palpable que les représentations queer audiovisuelles et fictionnelles sont à considérer en trois pôles : les personnages queer des films mainstream, ceux des films dits « d’auteur », est ceux des séries télévisées. Conformément aux films et séries cités en début d’article, les plus aptes à présenter des personnages nuancés et ne se réduisant pas qu’à leur genre ou leur sexualité appartiennent à des film d’auteur qui en font la thématique principal de l’oeuvre. Les séries sont quant à elles présentées comme des étendards privilégiés des personnages LGBTQ+, mais véhiculent bien souvent des clichés pour répondre à des attentes marketing. Quant aux films mainstream, c’est à la fois représentativité moindre et stéréotypes lourds et grotesques qui définissent les quelques représentations queer qu’ils proposent. Un bilan assez sombre donc, qui souligne des efforts encore considérables à fournir aujourd’hui pour se tourner toujours plus vers une industrie du cinéma qui se doit de représenter de manière plurielle et adaptée des communautés qui représentent une part de plus en plus importante de ses publics.
Les GLAAD Media Awards sont des récompenses décernées depuis 1990 afin de reconnaître et récompenser les œuvres, médias et personnalités pour leur rôle dans la représentation de la communauté LGBTQ+
Parlons légitimité : de beaux personnages, mais qui pour les incarner?
Même si le constat est amer, il reste que certains films proposent de très beaux personnages queer aux histoires complexes et émouvantes, qui sont garants d’une représentativité positive des communautés LGBTQ+ à travers la fiction audiovisuelle. Mais une question reste entière et fait bien souvent polémique: quels sont les acteurs et les actrices légitimes d’incarner ces personnages ? Ce sont bien souvent des acteurs et actrices hétérosexuels qui jouent des personnages gays, trans ou lesbiens, ce qui énerve parfois et interroge sur leur légitimité à incarner un personnage dont la sexualité ou le genre diffère du leur. Comment répondre à cette question ? Donnons simplement la parole aux principaux intéressés.
Axel Auriant et Maxence Danet-Fauvel sont les interprètes de Lucas et Eliott dans l’adaptation française de la série norvégienne SKAM, deux lycéens qui se cherchent et tombent amoureux. Quand Melty leur pose la question de savoir si des personnages gays peuvent être joués par des acteurs hétérosexuels, Maxence Danet-Fauvel répond tristement : « J’ai déjà eu des messages qui me disaient « Ouais, mais t’es pas homosexuel, t’as pas à jouer ce rôle! ». Je trouve ça très dommage que quelqu’un pense qu’un gay doit être joué par un gay. En fait, je trouve que ça va à l’encontre, tu sais, de ce message d’ouverture que la communauté LGBT fait passer et qui prend de plus en plus de poids. C’est hyper sain et c’est hyper important pour libérer la parole autour de ça que justement que des hétérosexuels puissent défendre ce combat-là, et défendre des rôles homosexuels, trans, bi… ». Les deux acteurs reviennent ensuite sur leur connexion naturelle dans leur jeu, qui leur aurait permis d’aller jusqu’à oublier le reste du plateau et ne pas entendre le réalisateur, David Hourrègue, crier « coupez ! » à la fin de leur scène de nu, continuant alors de s’embrasser comme l’auraient réellement fait Lucas et Eliott. Ce genre de discours rassurent quant aux efforts fournis par les acteurs pour incarner le plus réellement possible l’acte d’amour homosexuel, et peut effectivement porter un message politique plus que seulement représentatif de personnages queer: si le cinéma et la télévision décident de représenter ces communautés, les spectateurs majoritaires et hétérosexuels cisgenre doivent apprendre à les accepter, aussi bien à l’écran qu’en société. Voir deux acteurs hétérosexuels ne pas hésiter à s’embrasser et faire l’amour sans complexe participerait donc alors à ce message qui passe en filigrane et ouvre un peu plus les esprits.
À peu de choses près, c’est un discours semblable que nous offrent Felix Lefebvre et Benjamin Voisin quand ils sont interrogés sur la nature de la relation de leurs personnages dans Été 85 (François Ozon) par la Boîte à Questions. À la question « Une histoire d’amour universelle avant d’être une histoire d’amour homosexuelle? » les deux acteurs répondent que l’enjeu du film ne réside pas dans la présentation d’un amour homosexuel, mais dans la présentation d’un prisme amoureux à travers un couple d’hommes, qui portent la représentation d’un amour adolescent avant de porter celle d’un amour homosexuelle. Felix Lefebvre résume assez simplement : « C’est pas une histoire d’amour homosexuelle, c’est une histoire d’amour, point ». Le duo d’acteurs pose ainsi une question des plus brûlantes. Plus que de savoir si un personnage queer doit être joué par un acteur lui-même queer ou non, la priorité aujourd’hui ne serait-elle pas finalement de ne plus catégoriser un personnage comme queer, au sens propre « étrange » et « peu commun », face à ses comparses hétérosexuels et cisgenre?
Les questionnements restent nombreux et les réponses incertaines quand il s’agit d’étudier les représentations LGBTQ+ au cinéma et dans les séries. Entre enjeux politiques et marketing, ces personnages queer déchaînent les passions et bousculent les codes du cinéma, qui s’illustre toujours plus comme un art populaire de par son rôle même de devoir refléter un ensemble de réalités sociales. Qu’ils soient joués par des acteurs directement concernés par les mêmes questionnements de genre ou de sexualité, ces personnages sont essentiels dans nos films et nos séries, et les discours qu’ils portent ne doivent cesser d’évoluer et de se diversifier. Représenter pour vivre et laisser vivre: c’est ainsi que les personnages queer à l’écran permettent aux spectateurs d’exister et de se dévoiler. Nicolas Maury l’illustre en racontant fièrement l’impact d’Hervé, son personnage homosexuel dans la série Dix Pour Cent : « Un jeune garçon brésilien m’a écrit pour me dire que son père lui avait demandé à table d’arrêter de faire son Hervé, ce à quoi il lui a répondu : « Tu sais papa, je suis Hervé », permettant alors à un dialogue libre de débuter ».
Baptiste Charles
Bibliographie:
–Une certaine tendance du cinéma documentaire, Jean-Louis Comolli
–https://dailygeekshow.com/films-hollywoodiens-lgbtq/ sur l’association GLAAD
– https://www.youtube.com/watch?v=H93cJB9NJzU Interview Melty
–https://www.youtube.com/watch?v=Zl6gdWw61f8 Interview Boîte à Questions