In the mood for love est un film hongkongais réalisé par Wong Kar-Wai sorti en 2000. Il raconte l’emménagement de M. et Mme Chow dans leur nouvel appartement à Hong-Kong le même jour que leurs voisins, M. et Mme Chan. Sans comprendre comment cela a commencé, M. Chow Mo-Wan et Mme Chan Li-Zhen apprennent que leurs époux respectifs entretiennent une liaison. La découverte de cette adultère les choque, mais les rapproche.
La délicatesse à l‘écran
Roland Barthes dans son ouvrage Fragment d’un discours amoureux écrivait : “Suis-je amoureux ? Oui, puisque j’attends. L’autre, lui, n’attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas ; j’essaie de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend.” L’histoire du film In the mood for love s’ancre dans cette attente infinie du sujet amoureux. En effet, les deux protagonistes vivent une histoire empreinte de pudeur et de retenue. L’amour réside dans la délicatesse et la subtilité de leur action : les non-dits, les regards fugaces et les gestes symboliques pour exprimer l’intensité de leur lien, créant ainsi une histoire d’amour empreinte de mélancolie et de réserve. Plutôt que de succomber à la tentation de répondre à l’adultère par une liaison similaire, M. Chow et Mme Chan développent une connexion émotionnelle profonde basée sur l’amitié et la compréhension mutuelle. Le réalisateur tente ainsi d’explorer les nuances complexes des sentiments humains. Grâce aux différentes musiques du film, la mélancolie s’empare de la relation entre les deux personnages qui se démarque par sa subtilité poétique et son traitement délicat des émotions humaines.
Une esthétique unique
L’œuvre est également un chef-d’œuvre cinématographique qui se distingue par son esthétique visuelle raffinée et évocatrice. Cette dernière transcende la simple diégèse pour devenir un élément narratif à part entière. La maîtrise de la composition visuelle, des jeux de lumière et de la couleur crée une atmosphère envoûtante et élégiaque qui reflète parfaitement les émotions subtiles et les non-dits des personnages principaux. Les costumes élégants (mythique robe verte pour Mme Chan et costume pour M. Chow) et les décors minutieusement composés plongent le spectateur dans l’atmosphère sensuelle des années 1960 à Hong Kong. Par ailleurs, la couleur pourpre étant symbole de la sensualité et de l’érotisme reste omniprésente dans le film. Wong Kar-wai utilise habilement la caméra pour capturer les gestes délicats, les regards furtifs et les silences qui expriment l’intimité et la passion refoulée entre les protagonistes. Il y a une recherche du majestueux qui rend chaque plan unique. Les séquences sont parfois filmées à travers les miroirs, ce qui suggère à la fois le jeu de semblant des personnages prépondérants dans le film, le refus de soi-même et la volonté d’être quelqu’un d’autre. En somme, l’esthétique soignée de In the Mood for Love transcende le simple plaisir visuel pour devenir une composante essentielle de la narration, enrichissant l’expérience cinématographique de manière inoubliable.
Ainsi, In the Mood for Love est un chef-d’œuvre qui marie une esthétique visuelle exceptionnelle à une histoire d’amour poignante et à une exploration subtile des émotions humaines. C’est une œuvre cinématographique qui transcende les frontières culturelles et temporelles, captivant le spectateur par sa beauté visuelle et son récit émotionnellement puissant. Il ne faut pas forcément l’aimer, il faut le voir.
Anissa