Malgré une déprogrammation surprise en pleine saison 3 due à des audiences insuffisantes, des tensions à répétition entre Dan Harmon (le créateur) et Chevy Chase (Pierce) conduisant au départ fracassant de ce dernier en plein tournage, l’éviction d’Harmon de sa propre série et une saison 4 assez décevante, Community revient pour une cinquième saison en réinstallant son créateur aux commandes. Si l’annonce du retour d’Harmon a ravi une bonne partie des fans de la série, cette nouvelle saison pose toutefois un certain nombre de défis qu’il va falloir relever : au niveau du scénario, comment réunir à nouveau les personnages alors qu’ils sont désormais tous diplômés ? Le départ inattendu de Donald Glover (Troy), qui ne jouera que dans cinq épisodes cette saison, ne risque-t-il pas de déstabiliser l’équilibre du groupe, déjà bien affecté par celui de Chevy Chase ? Et surtout, comment réussir à renouveler la série sans retomber dans les excès de la saison 4 ?
D’après ce qu’on a pu voir dans les trois premiers épisodes, Harmon semble avoir résolu la question de Greendale en réinscrivant tout bonnement le groupe pour de nouveaux cours (excepté Jeff qui devient professeur de droit). Pas de grand changement à ce niveau, bien que le passage de Jeff de l’autre côté de l’estrade puisse donner lieu à un certain nombre de situations assez jouissives. Ce qui est en revanche plus intéressant, c’est le parti pris d’Harmon de jouer sur le « para-série », c’est-à-dire de faire référence de façon plus ou moins implicite aux coulisses de la série – par exemple dans le premier épisode lorsque Troy s’indigne du départ de l’acteur de Ralph au milieu de la neuvième saison de Scrubs (« That son of a bitch, after everything Scrubs did for him ?! »), faisant écho à la décision de Donald Glover de ne tourner que cinq épisodes. Cette nouvelle saison va donc peut-être se complexifier davantage en s’orientant vers une auto-mise en abîme, là où la série caricaturait plutôt les autres séries ou films dans les saisons précédentes. Une stratégie qui peut être payante en jouant sur un lien étroit avec des spectateurs avertis et en multipliant les clins-d’yeux, mais qui peut à l’inverse réduire d’autant plus une audience déjà bien affaiblie. Par ailleurs, si les deux premiers épisodes de cette nouvelle saison étaient assez satisfaisants, le troisième est en revanche un peu décevant ; la parodie de genre (film policier) est excellente, mais la réalisation est piégée par le format trop court des épisodes et entraîne par conséquent un dénouement bâclé, travers qui avait déjà pu être regretté sur quelques épisodes de la saison 3.
La saison 5 de Community va donc sans doute offrir de bons moments à son public, mais aura très certainement du mal à retrouver la grande qualité de sa deuxième saison qui en avait fait, à mon sens, l’une des séries les plus drôles de ces dernières années.
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