Hannibal : d’Anthony Hopkins à Mads Mikkelsen

Un somptueux buffet comme on en voit rarement. De nombreux plats à la présentation élaborée, une multitude de petits mets délicats… Et un orteil humain entre deux canapés. Pas de panique, vous êtes chez Hannibal Lecter. Les romans de Thomas Harris avaient déjà suscité une adaptation cinématographique, celle de Ridley Scott, avec Anthony Hopkins dans ce qui demeure l’un de ses rôles les plus marquants. Mais ici c’est de la récente série télévisée dont il est question, qui se distingue assez nettement des films préexistants. Comme dans les films de R. Scott, des scènes d’une violence rare se succèdent, et relèvent parfois plus de la provocation que d’un réel intérêt au déroulement de l’histoire. Au-delà d’un aspect gore parfois un peu caricatural, chaque épisode propose au moins une conversation où il est assez jouissif d’essayer de distinguer le manipulant du manipulé.

L’autre personnage principal est Will Graham, trentenaire tourmenté qui rend de nombreux service au FBI par la capacité qu’il a de se mettre « dans la tête » des meurtriers en comprenant, par un mécanisme d’empathie, leur mobile et leur personnalité. En découlent de multiples complications quant à sa santé mentale, qu’il serait peu intéressant de développer ici. Non, l’intérêt principal de cette série, c’est avant tout le magnétisme de Mads Mikkelsen. Son interprétation d’Hannibal Lecter fait de lui un monstre sophistiqué, glacial, insaisissable. Il cuisine chairs, foies, poumons, ou reins humains avec une dextérité inégalée. Le voir soigner la présentation de ses plats, puis les servir aux détectives qui se régalent des victimes sur lesquelles ils enquêtent, c’est très intense. On n’ose pas tellement le dire, mais on aime beaucoup ça.

Mariem Diané