Piège de Cristal, pour un Noël à couper le souffle

Pour vous qui vous apprêtez à passer un Noël explosif avec votre famille, pour vous qui rejoignez votre partenaire à l’autre bout du pays, pour vous enfin qui hésitez à orchestrer une prise d’otage à Los Angeles, n’attendez plus et mettez-vous dans l’ambiance avec ce qui est considéré comme l’un des meilleurs films d’action de l’histoire : Piège de Cristal.

Mettons qu’on vous pose la question suivante : Quelle est la recette d’un bon film de Noël ? Vous répondriez probablement une prise d’otage, des terroristes et un policier héroïque sautant d’un gratte-ciel qui explose, le tout saupoudré d’une belle histoire d’amour. Non ? Ce sont pourtant les caractéristiques-clés de Piège de Cristal, Die Hard pour les puristes, réalisé par John McTiernan, sorti en 1988 et grand chef d’œuvre du genre. Effectivement, ça change pas mal d’Emily, jeune diplômée dans le marketing qui rentre dans son village natal de l’Iowa pour y passer Noël. Elle y revoit Michael, jeune bûcheron fringant, ancien camarade de primaire de qui elle tombe amoureuse. Elle finit par lui abandonner sa carrière new-yorkaise pour ouvrir une pâtisserie dans son village et vivre heureuse avec lui. On ne pourra guère le nier, rien à voir avec le film qui nous intéresse aujourd’hui. Mais pour qui aime les films d’action, les bons films d’action, pour les fans de Bruce Willis et pour, bien plus que Severus Rogue, l’un des meilleurs rôles d’Alan Rickmann, Piège de Cristal est un met de premier choix dans le menu des films de Noël.

John McClane, officier de police de New York, se rend à Los Angeles afin de retrouver sa famille pour Noël. Il est séparé de sa femme depuis six mois, depuis son déménagement à Los Angeles, et a la ferme intention de la reconquérir. Il est invité au réveillon organisé par l’entreprise de cette dernière, dans un des gratte-ciels de la ville qui se retrouve pris d’assaut par un groupe d’individus armés qui organise une gigantesque prise d’otage. Seul, sans communications avec l’extérieur, tel Bob Morane contre tout chacal, l’aventurier contre tout guerrier, il se donne comme mission de rétablir la situation.

A cet instant, vous vous demandez sûrement pourquoi il s’agit d’un film de Noël. Il faudrait dans l’idéal définir le genre de film de Noël, mais nous allons nous contenter, dans la looooongue liste du cahier des charges, de dire que c’est d’abord un film qui détient l’esprit de Noël.

« Mais, s’écrie le lecteur, une prise d’otages ne fait pas partie de ce supposé cahier des charges, dont nous n’avons d’ailleurs pas vu le bout du nez ! C’est contraire à l’esprit de Noël ! »

-Mais qu’est-ce que l’esprit de Noël, répond l’auteur, et pourquoi diable serait-il incompatible avec une AK-47 ? » (téma la dramaturgie)

Très concrètement, l’esprit de Noël requiert un ancrage temporel spécifique, le film doit se dérouler au moins en partie pendant la période des fêtes de fin d’année. Même les films du type Harry Potter qui sont associés à cette période le sont, en partie, parce que les personnages fêtent Noël. Devinez quoi ? C’est le cas de Piège de cristal, c’est même le cadre de l’action.

Mais ce n’est pas simplement une contrainte temporelle, c’est aussi un état d’esprit marqué physiquement par des lieux, par des musiques, par des décorations. Rassurez-vous, c’est aussi le cas ici : le sapin, les cadeaux, les musiques scintillantes, l’esprit léger qui amène les personnes à se vider la tête le temps d’un week-end, tout y est (je ne vous cache pas que l’esprit léger disparaît assez vite même si l’idée de se vider la tête demeure, notamment avec l’aide de balles perforantes).

Noël c’est donc un état d’esprit, douillet, confortable, cosy. On pense à de longues soirées au coin du feu, à ces soirées film emmitouflés sous un plaid pendant que le blizzard secoue le chalet. Alors effectivement notre film manque et de blizzards et de chalets mais il possède ce côté “chez soi”, ce côté presque confiné, où l’on bannit les grands espaces et on préfère se retrouver avec soi-même et/ou ses proches dans des espaces plus restreints. C’est le cas lorsque Bruce Willis se détend sur la moquette qu’il juge particulièrement confortable, lorsqu’il doit ramper dans les conduits d’aération pour échapper aux terroristes, lorsque ces derniers parquent les otages dans la même salle, facilitant ainsi les nouvelles rencontres et par la même occasion un esprit de partage. Néanmoins, à certains moments du film cet esprit de Noël est fortement atténué, le confort disparaît tout à fait, mais c’est pour mieux nous le faire ressentir à nous, spectateurs. Car cette tour de cristal est le blizzard qui souffle derrière nos fenêtres et face auquel nous sommes bien contents de passer un réveillon tranquille.

Enfin, Noël, bien plus que ces basses considérations matérialistes, est une fable sur l’humanité toute entière, une fable qui a rapproché des milliards de personnes, et qui va continuer, cette année encore, à en rapprocher. Une fable qui réunit un chauffeur de taxi, un policier de quartier et un officier de police new-yorkais pour le meilleur et pour le pire. Une fable qui va jusqu’à réunir terroristes et FBI dans une même quête : buter les mecs d’en face.

Bref, Piège de Cristal est un film de Noël différent, devenu classique du genre, subversion nostalgique de ses codes, c’est aujourd’hui un divertissement que l’on regarde toujours avec plaisir.

Par Jacques Chaptal