The Revenant, l’avant première d’anthologie… #laclaque

« Ne pense pas à ça. Ne vois pas trop loin. L’objectif de chaque jour, c’est le lendemain matin. », Le Revenant de Michael Punke

 

NO SPOILERS

Lundi 18 janvier, nous avons eu la chance de participer à l’incroyable…l’exceptionnelle…la tant attendue…avant première de The Revenant au Grand Rex.

Veinards que nous sommes, nous n’aurons pas à attendre le 24 février pour découvrir Leo en trappeur avide de vengeance. Il rampe en s’efforçant de se relever (pour d’autres raisons que dans Le Loup de Wall Street) dans une neige qui lui glace les lèvres (revival Titanic #thuglife).

18h, nous arrivons déjà frigorifiés, devant les portes du Grand Rex. Un nuage de monde bloque l’accès à la rue. Certains font la queue pour voir le film, d’autres attendent Leo depuis des heures. Après avoir trouvé l’accès à la file d’attente, nous poireautons une trentaine de minutes dans le froid… bon moyen de se mettre dans l’ambiance du film.

18h34, nous déboulons sur la mezzanine du Rex. Par chance, peu de monde à l’horizon. Bingo, nous nous ruons sur le premier rang. Pour patienter, nous sirotons notre coupe de champagne en dégustant des macarons (oui oui c’est sympa).

20h21, Alejandro González Iñárritu débarque sur scène. Des applaudissements retentissent dans la salle. Nous pouvons sentir un profond respect dans les yeux du public. Le discours passionné du réalisateur sur son film, nous met l’eau à la bouche.

20h25, la température monte, Will Poulter arrive en special guest. C’est l’euphorie dans la salle, tout le monde attend l’arrivée du tant attendu Leonardo DiCaprio.

20h28, Leo arrive, ça y est il fait chaud. C’est la folie ! Le Grand Rex se transforme en une foule de téléphones rivés sur le minois de la star.

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Copyright moi-même

Ici, le discours complet de l’équipe du film.

Une dizaine de minutes plus tard, les lumières s’éteignent, le film commence.

« Il se jura de survivre, ne fût-ce que pour exercer sa vengeance sur les hommes qui l’avaient abandonné. »,

Le Revenant de Michael Punke

1823, Missouri. Hugh Glass, trappeur aguerri, se fait attaquer par un ours. Entre la vie et la mort, ses équipiers l’abandonnent. Rongé par une soif insatiable de vengeance, il refuse de mourir. Acharné et habité par les fantômes des êtres aimés, il décide de retrouver l’homme qui l’a trahi et entame un longue épopée vers Fort Kiowa. Hugh Glass se retrouve seul contre la nature toute puissante. Ce film est une expérience viscérale. Le spectateur est plongé dans les tréfonds de la souffrance du héros et peut ressentir le froid et la douleur du trappeur abandonné en terre hostile.

L’interprétation époustouflante, éthéré et sublime de Hugh Glass par Leonardo DiCaprio est indéniable. Le personnage transfigure une authentique force de l’esprit humain prêt à tout pour se venger. L’acteur a très peu de dialogue mais l’émotion passe par les expressions de son visage et de son corps.

Le reste du casting est incroyable : Tom Hardy (John Fitzgerald), Will Poulter (Jim Bridger) et Doomhnal Gleeson (Andrew Henry)… Le rival de Glass, John Fitzgerald est un impitoyable et odieux personnage interprété par Tom Hardy (ouiouioui). Ce n’est pas un Tom Hardy, tombeur de ces dames mais une espèce d’enflure cupide et matérialiste. La vengeance est un plat qui se mange froid mais [Léo] le mange cru car avant [il] n’en avait pas (dixit Morsay, le sage poète de la punchline).

Quand la caméra est rivée sur Glass, les plans sont serrés, ce qui accentue visuellement sa solitude. À l’inverse, la nature est filmée avec des plans larges. Ceci signifie la toute-puissance de la nature qui dépasse l’homme.

The Revenant expose le retour de l’homme à l’état primaire, seul face à la nature qui le protège et le submerge. Le héros est tantôt adversaire de la nature, tantôt aidé par une nature qu’il ne contrôle pas. C’est un film sur la survie en territoire hostile et sauvage. La nature dans son état brut, est aussi violente que belle. La beauté de certains plans font face à une certaine noirceur visuelle. La vision des cerfs qui se baignent dans la rivière contraste avec l’image des blessures infectées…

The Revenant pourrait être qualifié de film d’aventure contemplatif. Le film dépeint l’image d’une Amérique sauvage et brute dont l’esthétique est à couper le souffle. Le directeur de la photographie n’est autre que Emmanuel Lubezki, proche d’Alfonso Cuarón (Gravity) et Terrence Malick (The Tree of Life). Le lien avec l’esthétique de Malick est d’ailleurs clairement remarquable dans son rapport à la nature. Les images sont aussi poignantes que pénétrantes. Le film semble trouver un équilibre sublime entre un film de Malick et un Western, type Jeremiah Johnson ou La Captive aux yeux clairs. The Revenant, au delà d’être l’adaptation d’un ouvrage de Michael Punke (lui même tiré de faits réels), semble s’inspirer librement du Convoi sauvage de Richard Sarafian, relatant l’histoire d’un trappeur blessé par un ours, laissé pour mort dans la nature, et cherchant à se venger de ses anciens compagnons.

Le film semble avoir été extrêmement difficile à réaliser. Leonardo DiCaprio affirme : « It was physically grueling for everybody. We had to have this massive crew go to far-off locations and move around all over the high altitudes ». Tourné à la lumière naturelle dans le glacial Canada, The Revenant a été un réel challenge pour l’équipe. La tournage fut long et ardu dans un froid polaire avec seulement quelques heures de lumière par jour. D’un point de vue technique, le film est remarquable, déjà pour le montage mais aussi pour les bruitages. On se prépare mentalement pour l’incroyable plan séquence du début et la – déjà – célèbre scène de bataille avec l’ours (âmes sensibles, se cacher les yeux d’une main entrouverte). La respiration de Glass en voix off  est tout bonnement saisissante. À certains moments du film, les bruitages offrent à la caméra omnisciente, une certaine focalisation interne dans un souci de réalisme jusqu’au-boutiste. Quand il est à moitié enseveli par la terre, le souffle de Glass floute la caméra… Le héros est presque déshumanisé quand il sort de sa tombe, il est habité par une vengeance qui le dépasse. Le retour à l’état sauvage offre à DiCaprio un dépassement de lui qu’il a dû surmonter avec hardeur. La violence et l’horreur ne sont pas édulcorés par l’esthétisme du film. Le sang gicle sur l’œil de la caméra qui devient le témoin de la cruauté. Certaines situations semblent parfois invraisemblables or, nous ne pensons pas qu’il faille débusquer les coquilles d’un quelconque souci d’exactitude. Le cinéma n’est pas uniquement un support de représentation de la réalité, mais au contraire il la dépasse…et là réside tout le charme de l’esthétique cinématographique.

La musique de The Revenant est splendide et en parfaite adéquation avec une mélancolie ambiante. Ceci invite le spectateur à plonger dans une catharsis qui l’absorbe dans une certaine atmosphère. Tout au long du film, il n’y a en fait pas tant de passages musicaux que ça… c’est la mélodie de la nature qui prime, le bruit des feuilles et du vent.

« Ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : “A moi la vengeance, à moi la rétribution”, dit le Seigneur. », Le Revenant de Michael Punke

Iñarritu affirmait qu’il voulait que son film soit « épique et poétique »… challenge réussi ! Le spectateur est entraîné dans la tumultueuse odyssée d’un héros aussi poignant qu’enragé.

De la violence des images, découle un message de paix entre les peuples… Message à interpréter par rapport à une résonance actuelle ? Iñarritu l’avait suggéré lors de la présentation de son film lors de  l’avant-première au Grand Rex.

Bref, Iñarritu est un cinéaste en route vers la gloire. Après le triomphe de The Revenant aux Golden Globes, nous attendons avec impatience la 88ème cérémonie des Oscars… #GiveThatManAnOscar.

 

Charlotte Renaudat-Ravel & Hakim Sahiri