Goodbye Julia : D’intarissables applaudissements en salle Debussy lors de la 76ème édition du Festival de Cannes

Pour la première fois, le Festival de Cannes propose un film soudanais en Sélection officielle dans la catégorie Un Certain Regard. Malheureusement, on ne peut ignorer le contexte dans lequel ce film est révélé au public : au même moment, en 2023, la guerre fait rage au Soudan. 

Lorsque la salle s’éteint et que l’écran s’allume, le réalisateur Mohamed Kordofani nous ramène quelques années en arrière, en 2005. Cette année n’est pas un choix anodin car le Soudan connaît la mort du chef des Chrétiens du Sud dans un accident. Cela se produit seulement quelques mois après la signature historique d’un traité de paix qui mettait fin à des dizaines d’années de guerre civile. Autrement dit, 2005 était une année qui donnait l’occasion de réunifier les soudanais quelles que soient les religions pratiquées dans le pays. Toutefois, le film nous oblige à constater  que la paix n’a pu être établie durablement.

Goodbye Julia est une fiction à travers laquelle Kordofani dépeint le contexte chaotique de son pays. La mise en scène des deux actrices principales soudanaises nous donne l’impression que la frontière entre conflit identitaire personnel et conflit identitaire national est très poreuse.

Synopsis : 

Nous suivons le personnage de Mona, une bourgeoise musulmane du Nord du Soudan. Suite à sa responsabilité indirecte dans la mort d’un homme,  elle fait la connaissance de sa veuve, Julia, chrétienne venant des quartiers pauvres du Sud soudanais.

Rongée par la culpabilité, Mona décide d’aider Julia et son fils en les logeant chez elle, tout en leur cachant la raison de sa générosité. Si sa volonté de se racheter est indéniable, elle doit tout de même garder son lourd secret pour elle tout en faisant face à différents  obstacles comme son mari, sa classe sociale, le mensonge, le racisme…

Vous serez immergés dans la capitale du Soudan, Khartoum,  pour y découvrir deux  actrices soudanaises superbes. Malgré des modes de vie et des religions différentes, qui poussent les autres habitants à se diviser et s’affronter, elles  parviennent à nouer des liens puissants. Vous retiendrez votre souffle en vous laissant transporter par l’enchaînement de plans précis toujours parfaitement cadrés. Enfin, vous constaterez le respect avec lequel la caméra se pose sur ces deux personnages très différents sans prendre parti. Vous sortirez de la salle en vous disant que vous n’avez pas vu le temps passer.

Retrouvez-le au cinéma dès le 8 novembre 2023.

Bon visionnage !

Par Jeanne Pascal