Fight Club ou la quête de liberté

Le film de David Fincher est aujourd’hui omniprésent dans la pop culture. Ayant acquis le statut de film culte, il est devenu l’un des clichés les plus appréciés et regardés du réalisateur américain. Mais comment s’explique le phénomène Fight Club ? Que nous raconte-t-il au fond ?

Fight Club est un film réalisé par David Fincher en 1999. Il est l’adaptation cinématographique du roman de Chuck Palahniuk. L’histoire se concentre sur Jack. Cadre dans une grande entreprise d’automobile américaine, il est un pur produit, un esclave de la société de consommation. Il rejoint la masse des anonymes qui n’ont ni but ni vraie place. Inconsciemment désespéré de son existence en laquelle il ne trouve aucun sens, il va faire la rencontre de Tyler Durden son double libéré. Ils mettent alors en place le Fight club : un club de combat permettant aux hommes de s’extirper de cette société qui les ronge, leur permettant par la violence de se libérer et de reprendre le contrôle de leur existence. Mais le Fight club se transforme rapidement en un projet Chaos qui prend des ampleurs surdimensionnées, et Jack perd le contrôle. Comment ce voyage par la violence va-t-il permettre aux hommes de gagner leur liberté pour enfin prétendre à devenir homme ? Comment Jack, peut-il par la violence prendre conscience de ce qu’il est et aspirer à la liberté ?

Fight Club prend la forme d’un voyage initiatique qui fonctionne en trois temps. Trois moments qui nous permettront de former notre plan : le stade initial : Jack inconscient de son malheur, esclave de la consommation est un être inauthentique. Puis, le stade de la destruction : Il crée Tyler Durden et le “Fight club”, et il finit par détruire ce qu’il était. Enfin le stade de la réconciliation : Jack se réinvente, libéré de tout ce qu’il était et tout ce qu’il ne voulait pas être : il se conquiert, se réconcilie avec lui même.

 

Un personnage qui se définit par ce qu’il consomme, notre mode de société mis en abyme

jack usine fight club david fincher
Jack est un consommateur et il le sait, il ne vit que pour Ikea, Starbucks et toutes les grandes firmes transnationales. Son monde tourne autour de la consommation. Il semblerait que son essence soit d’être un consommateur, un homme de la société avant même d’être simplement lui. Effectivement, la première chose qu’il dit de lui du film est : « j’étais devenu esclave du confort protecteur des intérieurs IKEA ». La société contrôle et possède tout. Il parle de « Galaxie Microsoft »,  de « Planète Starbucks ». Le soir il regarde son catalogue Ikea en se demandant quel set de table pourrait le définir au mieux. Finalement « ce que tu possèdes finit par te posséder » dit-il. En effet, aucune description de Jack n’est faite au cours du film, et Jack n’est même pas son prénom. Il se définit uniquement par ce qu’il achète chez Ikea. Il nous décrit son appartement et la disposition de ses meubles mais jamais qui il est.

C’est exactement ce que Jean Baudrillard dans La Société de consommation explique. En effet, pour lui, l’homme vit dans et à travers les objets qu’il consomme. Mieux encore, ce sont les objets qui nous consomment. Ils rongent nos existences et s’approprient nos essences. On nous montre des vies photocopiées, réglées selon des critères, des valeurs, des aspects extérieurs qui sont censés nous définir. Ce devoir de ressembler aux autres, cette aspiration à avoir une image étiquetée devient une obsession : on cherche tous à ressembler au mannequin Calvin Klein, posséder le dernier iPhone, etc. Il expose d’ailleurs au début du film : « Nous sommes consommateurs. Nous sommes des sous-produits d’une obsession de mode de vie. Meurtre, crime, pauvreté, ces choses ne me concernent pas. Ce qui me préoccupe sont les magazines de célébrités, la télévision avec 500 chaînes, le nom d’un mec sur mes sous-vêtements. » En fin de compte, nous sommes esclaves de la société. Nous avons créés de toutes pièces des valeurs que nous pensons fondamentales à nos vies, nous en dépendons à présent, alors qu’elles nous empêchent de vivre tel que l’on devrait vivre, elles nous empêchent d’être nous. Finalement, elles nous empêchent d’être libre. Le monde réel a disparu. Il a été remplacé par ces fausses valeurs et signes qui viennent brouiller notre vision et nous donner l’illusion qu’il est un vrai monde. Il semblerait que l’on soit tombé dans le panneau… Nous sommes prisonniers de nos sociétés tout en pensant être libres.

seins bob fight club david fincher

C’est uniquement de façon inconsciente que Jack se rebellera, tout d’abord à travers ses insomnies puis d’une façon plus radicale, à travers le personnage de Tyler Durden, et donc de sa schizophrénie. Au début du film, Jack représente l’homme de “l’inauthentique” : Il est consommé et consumé par la société de consommation. Mais alors qu’en est-il de l’existence des hommes dans cette société ? Comment continuent-ils de vivre là où ils ne peuvent même plus être simplement eux ? Jack, pour essayer de donner un sens à sa vie, va se rendre dans des groupes de soutiens en tout genre. Mais c’est le groupe du cancer des testicules qui va prendre une place plus importante et qui nous permettra d’analyser cette position des hommes au sein de cette société. On retrouve dans ce groupe par le biais d’une métaphore, le schéma type des victimes de la société de consommation : Des hommes à qui on a retiré ce qui les rendaient hommes. Des hommes qui essayent de se persuader qu’ils sont restés des « vrais » hommes. Jack fait la rencontre d’une certaine manière d’hommes comme lui, des êtres sans réelle existence, sans but. Bob, ancien bodybuilder représente ces hommes qui ont perdu le sens de la virilité, de la dignité. Il ne cesse de se répéter qu’il est « toujours un homme ». Les hommes sont en détresse. Ils ont perdu espoir en eux. Effectivement, on se demande alors si la dignité d’un homme réside uniquement dans le fait de devoir exister en tant que simple représentant de l’espèce humaine ?

L’homme ne se sent plus réellement homme dans un monde où il semble être constamment rabaissé et manipulé par de fausses valeurs. Il n’est plus lui, il semble avoir été “déresponsabilisé” de tous choix possibles : l’homme n’est plus libre. On peut mettre en lien ce thème du film avec la philosophie d’Heidegger qui explique dans Être et Temps ce mal-être de l’homme dans le quotidien. En effet, l’homme est “inauthentique” dans la société. L’être singulier, ou l’être propre du dasein (c’est-à-dire “être-là”), disparaît dans l’anonymat du « on ». La vie quotidienne, en communauté devient le « comme il faut » : une sorte de dictature du monde extérieur qui nous dicte ce que nous devons faire. Nous devons alors adopter les convenances et se formater au modèle imposé par le « on ». L’exemple que prend Heidegger est très éclairant : pour lui, lire le journal est une activité dépersonnalisante et passivante. Un journal impose sa vision du monde à une communauté de lecteurs rendus tous identiques par la société, qui n’a d’autre choix que d’y adhérer. Le « on » agit, prend les décisions à la place du sujet individuel. Finalement l’individu se perd dans la société. La liberté d’être responsable de soi même disparaît et l’être perd toute authenticité. Cette authenticité consiste chez Heidegger à assumer son être au lieu de le fuir. Plus précisément être authentique c’est assumer son être dans sa possibilité la plus propre qui n’est autre que la mort. Pour être authentique, aspirer à la liberté et finalement reconquérir son être il faudrait alors accepter notre mort, prendre conscience de notre condition de mortel. La consommation au sein de la société serait alors semblable à une stratégie de fuite, d’évitement de la conscience de la mort et Jack, au centre de cet engrenage se trouve alors loin de l’être authentique.

 

La solution Tyler Durden : un double libéré et libérateur

tyler durden tete en bas fight club david fincher

Finalement, la société déshumanise et désauthentifie l’homme, et elle finit par le rendre schizophrène. Car seule une rupture inconsciente, va réveiller Jack de son impuissance. Cette rupture se nomme Tyler Durden : Il est tout ce que Jack n’a jamais été, et par dessus tout il est libre. Tyler Durden est donc la projection mentale irrationnelle de Jack, son double libéré. C’est un anarchiste qui rejette tous les présupposés de la société de consommation : « Pour une totale liberté la vie anarchique est recommandée » dit-il.  Dans une des premières scènes de leur rencontre Jack et Tyler marchent l’un à côté de l’autre : Jack sur le trottoir, Tyler dans le caniveau. Tout défini Tyler comme étant une rébellion en lui même des conventions et de nos sociétés.
Mais pourquoi Tyler ? Pourquoi Jack a-t-il eu besoin de se créer un référent qui correspondrait à ce qu’il recherche de la vie ? En quelque sorte, Jack s’est créé son propre maître, son Dieu. En effet, à cause de son isolement dans cette société conformiste, abandonné par son père, Jack sans aucun repère, ne trouve ni en lui ni hors de lui la possibilité de s’accrocher, il va alors devoir créer son propre maître : Tyler Durden.

 

« Nos pères étaient Dieu pour nous, ils nous ont abandonnés : qu’est ce que ça te dit de Dieu ? Dieu ne t’aime pas, n’a jamais voulu de toi : on n’a pas besoin de Dieu » – Tyler à Jack.

C’est exactement ce que nous explique Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : « Dieu est mort » dit-il. Nous n’avons plus aucun repère dans la société : on essaye de s’accrocher à ce qu’on a, mais on n’a rien. Ce que Nietzsche entend par là, c’est la mort du genre humain, ou du moins de ce que nous pensions être le genre humain. Autrement dit, toutes les valeurs, convictions, certitudes sur lesquelles nous avions posé nos existences (notamment au début de l’analyse) ne doivent plus exister. On ne doit plus rattacher de valeurs au simple fait d’être humain : l’homme n’est rien, mais il peut devenir quelque chose, il peut se reconstruire par lui même. C’est la mort de Dieu, ce néant, qui constitue le début de la transformation de soi. Ici Jack avec l’aide de Tyler va alors détruire toutes ces anciennes valeurs, détruire tout ce qu’il était pour mieux se reconstruire. Cette reconstruction semble paradoxale : l’amélioration de soi par la destruction de soi. D’ailleurs, on peut illustrer ce paradoxe par la scène du premier combat devant le bar :

« Ça fait vraiment mal… Frappe-moi encore » – Jack à Tyler.

Se détruire pour se reconstruire. Jack réalise alors qu’il peut s’évader de son existence et creuser une vision bien plus excitante et profonde de la vie humaine.

 

Le fight club comme exutoire ?

tyler durden fight club david fincher

Jack et Tyler mettent alors en place le Fight club, un club de combat qui vise le mal pour le mal : la violence gratuite. Finalement, le Fight club devient une école de « re-virilisation » pour des hommes déracinés, une génération abandonnée qui cherche à reconquérir sa libération. En effet, cette violence est absolument gratuite, c’est d’ailleurs ce qui fait la beauté et la noblesse de ce combat. Dans un monde où l’argent et la consommation règnent sur les êtres, cette violence gratuite devient une échappatoire vers la liberté. C’est en combattant que l’homme retrouve l’accès à sa virilité, sa fierté. Il reprend confiance en lui et se sent véritablement vivre. « On vivait vraiment uniquement ici » nous livre Jack. En vivant avec Tyler Durden, Jack apprend à se détacher de tous biens matériels. Il quitte son appartement et ses meubles IKEA (appartement qu’il a d’ailleurs brûlé lui même) pour vivre dans une maison abandonnée et complètement délabrée. Cela fait d’ailleurs parti du processus de la reconstruction par la destruction de soi. Mais ce qui permet aux hommes de se sentir véritablement libre grâce au Fight Club, c’est cette invitation au combat intérieur : lâcher prise, souffrir, tomber au plus bas de soi, renoncer à son ego, capituler, sont des étapes nécessaires à la reconstruction de soi. C’est en se détachant de tout ce que l’on a et en tombant plus bas que terre, que l’on peut enfin espérer trouver la voie de la création et du ressourcement.

Autrement dit c’est par la destruction que l’on atteint la voie du véritable combattant nous permettant d’accéder aux dimensions supérieures de l’être. Jack explique d’ailleurs dans une de ses nombreuses adresses directes à la caméra: « après un combat on se sentait tous sauvés ». Le terme « sauver » ici laisse sous entendre une sorte de rédemption. Le mot rédemption signifie « rachat. » Cette expression était employée essentiellement pour l’achat de la liberté d’un esclave. Si nous sommes « rachetés, » cela signifie que notre condition antérieure était celle d’un esclave. C’est ce qui est expliqué dans Epître aux Galates, un livre de l’Ancien Testament. Il explique que Dieu a acheté notre liberté, de sorte que nous ne soyons plus esclaves. Ici, on pourrait parler d’une rédemption humaine par le combat et la violence. En effet comme nous l’avons vu, Dieu est mort. Le combat aurait donc remplacé Dieu et permettrait à l’homme de récupérer sa liberté. Pour cela il faut alors tomber au plus bas de soi, se détruire, comme une sorte de sacrifice pour la liberté. Cette idée de sacrifice de soi pour la création d’un nouvel être est nettement explicitée dans la scène de la brûlure chimique. Tyler enseigne à Jack la nécessité du sacrifice, le sens de la douleur, la véritable voie du guerrier: Faire face à sa douleur et l’accepter pour être libre et reprendre en main son destin. Finalement le Fight club permet de guérir le mâle par le mal. On fait face à un paradoxe ici : la fierté se trouve dans l’humilité, la prospérité dans la souffrance, la vie apparaît par l’expérience de la mort. Tyler Durden permet donc à Jack de prendre conscience que l’on peut vivre sans la société et qu’il faut la rejeter pour être véritablement libre.

Mais le Fight Club se transforme rapidement en Projet Chaos, un groupement terroriste qui vise à remettre le système à zéro : détruire les sociétés de crédits et l’intégralité des fichiers débiteurs pour créer un chaos économique et financier. Cela permettant à tous les hommes de reprendre le contrôle d’eux mêmes, de ne plus être esclaves de nos sociétés. La personnalité de Tyler Durden prend alors le dessus sur celle de Jack qui ne contrôle absolument plus rien.

C’est à la mort de Bob, que Jack prend conscience qu’il doit empêcher Tyler d’aller plus loin. En effet, Bob meurt suite à une des missions terroristes du projet Chaos. Jack réalise alors que Bob a été utilisé pour le projet, comme un moyen. Ce projet déshumanise les hommes, au lieu de les grandir, il nie les individus au profit d’une cause commune. On peut relier cette idée à une morale Kantienne de l’humanisme. Kant explique à travers l’un de ses impératifs catégoriques dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, que tout homme doit toujours être considéré comme une fin en soi et jamais comme un moyen dont une volonté puisse user à son gré. « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité […] toujours comme un fin et jamais simplement comme un moyen. » Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que ce n’est pas l’humanité en générale qu’il faut respecter, mais l’humanité dans chaque individu. Ainsi chaque personne est identique à un autre moi, car nous sommes tous doués de cette dignité suprême qu’est l’appartenance à l’humanité, en tant que fin suprême. Il faut alors toujours se considérer soi même comme une fin et donc toujours respecter l’autre. Le devoir est constamment double : Il est tourné vers moi, en même temps qu’il est tourné vers l’autre. Personne ne peut ôter à l’homme sa dignité.

Finalement le projet Chaos utilise ces membres comme des pions : les participants sont dirigées comme des marionnettes pour détruire petit à petit le système. On pense alors instinctivement aux projets terroristes islamiques qui semblent reposer sur cette même idée de la perversion de la voie du guerrier : combattre nos sociétés de consommation par une re-vilirisation extrême de l’homme où l’on oublie le sens de l’humanité. On perd alors complètement de vue la voie de la liberté ici, car les membres du projet Chaos sont à nouveau aliénés par la pensée de Tyler Durden. Il faut en somme comprendre que le Fight Club est uniquement un moyen de s’améliorer et jamais une fin en soi. Jack commence donc à penser et agir par lui même. Nous sommes à présent dans la dernière phase du voyage de Jack : la réconciliation.

Jack, conscient que Tyler est allé trop loin, va alors tout mettre en œuvre pour essayer de l’arrêter. Mais la scène qui va nous intéresser ici est la scène de la révélation, de la découverte de sa schizophrénie. Cette scène est fondamentale car c’est ici que Jack prend conscience de ce qu’il est. Tyler Durden n’existe pas : il est uniquement une représentation idéale du moi de Jack.

 

« Tu voulais changer de vie, mais tu ne pouvais pas le faire seul. Tout ce que tu souhaitais être, je le suis » explique Tyler à Jack.

C’est réellement à partir de cette scène que Jack va essayer de reprendre le contrôle de sa vie, de reprendre possession de son être, et finalement d’accéder à sa liberté. La première étape de cette manœuvre se traduit par la prise de conscience de l’importance de ses actes et le fait qu’il essayera d’y remédier : Jack prend conscience qu’il est un être responsable. « Je n’ai plus besoin de toi, je suis responsable et je l’accepte » répète-t-il à Tyler. Il ira même jusqu’à se livrer à la police pour se faire arrêter. Il est possible par cette scène de penser à ce que nous dit Sartre qui explique en effet que la responsabilité de chaque personne est la revendication logique des conséquences de sa liberté fondamentale. Il expose dans L’Être et le Néant : « Ce qui m’arrive, m’arrive par moi et je ne saurais ni m’en affecter ni me révolter, ni me résigner. D’ailleurs tout ce qui m’arrive est mien ; il faut entendre par-là, tout d’abord, que je suis toujours à la hauteur de ce qui m’arrive, en tant qu’homme. »

L’homme est donc engagé dans un monde dans lequel tout ce qu’il fait le rend responsable. De plus le monde dans lequel nous vivons, est un monde où Dieu n’existe pas. Nous n’avons ni derrière nous ou devant nous de valeurs ou d’ordres qui peuvent rendre légitime notre conduite. Pour Sartre l’existence précède l’essence et l’homme n’est pas ce qu’il est mais bien ce qu’il fait : l’homme ne peut donc dépendre que de ses actes. Il est alors totalement libre et responsable de ses actes. Sa manière de vivre et de penser l’engage constamment auprès du monde et des autres. Sa responsabilité, est l’expression de sa liberté. C’est pourquoi Sartre nous livre que l’homme est « condamné à être libre » dans L’Existentialisme est un Humanisme. Il ne s’est pas créé lumême, il est condamné à vivre dans un monde qu’on lui a imposé, d’où l’apparition d’un mal-être potentiel. Mais une fois dans ce monde, l’homme est responsable de tout ce qu’il fait : il est donc condamné à être libre. Prendre conscience que l’on est responsable de ses actes et donc un grand pas vers notre liberté. Mais Tyler est pourtant toujours là, Jack n’arrive pas à s’en débarrasser, et ne peut donc pas être pleinement libre. Il semble alors qu’il lui manque donc quelque chose pour arriver à liberté absolue.

 

Une scène finale où la quête de la liberté touche à son but

gun in mouth fight club david fincher

Enfin pour terminer, j’aimerais parler de la scène finale de Fight Club: La scène de la mort de Tyler Durden, ou autrement dit de la véritable libération de Jack. En effet, cette scène est étrange : Jack se tire dessus, réussi à faire disparaître Tyler Durden, mais ne meurt pas pour autant. J’aimerai alors ici essayer d’apporter une interprétation à cette scène. Ce tir est un symbole, mais n’est pas réel. Il représente l’acceptation de la mort. Comme nous l’avons vu depuis le début du film, Jack n’accepte pas sa condition de mortel, et s’enferme donc dans une routine d’inauthenticité. Il ne veut pas voir en face qu’un jour il mourra. Ici, il semble qu’après toute cette aventure, Jack ait pris conscience de ce qu’il était, il accepte pleinement sa condition de mortel et donc peut enfin aspirer à la liberté. C’est ce qu’explique Camus, à travers l’Absurde. Avant la rencontre de l’absurde, l’homme a l’illusion d’être libre mais n’est qu’un esclave de l’habitude, des préjugés qui donnent alors à sa vie un goût amer. La découverte de l’absurde donne enfin à l’homme un regard neuf sur le monde. Il devient profondément libre, à partir du moment où il connaît lucidement sa condition de mortel : sans espoir et lendemain.

C’est ce que Camus montre dans L’Étranger d’une façon assez paradoxale. Meursault devient libre lorsqu’il prend conscience qu’il va mourir, alors qu’il est en prison, et que son exécution arrive. Comprendre que l’on est libre alors que l’on est en prison semble paradoxe, pour autant prendre conscience de sa mort, est l’unique façon de saisir pleinement sa liberté.

Sénèque disait : « Méditer la mort, c’est méditer la liberté ; celui qui sait mourir, ne sait plus être esclave ». Jack est libre, et cela se manifeste par la disparition de Tyler Durden. Marla finit alors par le rejoindre, ils sont tous les deux libres, peuvent tout recommencer et Jack lui murmure alors:

« je vais bien, et tout ira bien à présent »

 

Lily GANTELMI D’ILLE

 

Sources :

Film :
David Fincher, Fight Club, 1999

Livres :
Jean Baudrillard, La Société de consommation, 1970
Heidegger, Être et Temps, 1927
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1891
Ancien Testament, Epitre au Galates
Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs, 1785
Sartre, L’Être et le néant, 1943
Sartre, L’Existentialisme est un humanisme, 1946
Camus, L’Etranger, 1942

Sites internet :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fight_Club_(film)
http://la-philosophie.com/citations-fight-club
http://la-philosophie.com/fight-club-analyse-philosophique
http://www.objectif-cinema.com/spip.php?article2448&artsuite=1
http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/fight-club-theorie-finale-internaute/
http://www.politique-actu.com/actualite/fight-club-raphaeel-arteau-mcneil/716947/
http://archive.filmdeculte.com/dossier/fightclub/index3.php
http://www.abusdecine.com/article/il-etait-une-fois-fight-club-de-david-fincher
http://apprendre-la-philosophie.blogspot.fr/2010/05/fight-club-le-film-de-david-fincher.html
http://culturealternative.fr/dossier-fight-club-analyse-de-la-fausse-trilogie/
https://saintcyrcpes.wordpress.com/2013/10/07/expose-n-7-decembre-2009-fight-club/
https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=-322325
https://www.france-jeunes.net/lire-fight-club-analyse-sequentielle-d-un-film-post-moderne-1ere-partie-26205.htm