TOP 3 : Les meilleurs nanars… L’amour du mauvais goût

Un nanar est un film tellement mauvais qu’il en devient drôle, on l’apprécie précisément pour son manque de qualité.

 

 #1 PLAN 9 FROM OUTER SPACE: plus mauvais film jamais réalisé ou nanar de légende? (1958)

plan 9Un scénario huluberlu, les fameuses soucoupes spatiales en carton et le dernier rôle impensable de Bela Lugosi (qui meurt pendant le tournage) : Plan 9 from outer space c’est un flop devenu culte, incontournable. Ce bijou de carton-pâte est réalisé par la figure, elle aussi mythique, de Edward Davis (Ed) Wood. Un réalisateur déjanté et incontestablement passionné à qui Tim Burton a rendu hommage dans un film éponyme avec son acteur phare Johnny Depp.

Plan 9 from outer space, c’est un film sur une invasion d’extra-terrestres qui portent des costumes en satin et planifient de mettre hors d’état de nuire l’espèce humaine depuis des vaisseaux spatiaux dont le bruit rappelle celui d’un aspirateur qu’on passerait sur une moquette. Leur plan machiavélique? Réveiller les morts, les transformer en goules afin de les contrôler et de les retourner contre les vivants.

Devant ce « nanar de légende », devant cet art du mauvais raccord qui juxtapose à la suite un plan de jour et un plan de nuit dans la même séquence (attention en faire un jeu d’alcool est fortement déconseillé…) le spectateur reste bouche-bée… Un peu comme le personnage-goule de Dan Clay qui passe tout le film la bouche ouverte. Une bouche, un abysse, une porte ouverte sur un univers de passionnés et de décalés!

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Ici ce sont les corps, les décors, les mouvements (des acteurs comme de la caméra) qui créent une dimension burlesque-nanardesque unique. C’est toute la matérialité, la « chair » du cinéma de Ed Wood, qui appose sur le film sa signature déjantée et très créative (au vu des conditions de production). A voir !

 

#2 JACK FROST de Michael Cooney: un one (snow)man show pour chasser le blues de l’hiver (1997)

neige

Jack Frost met en lumière l’histoire d’un meurtrier, obsédé sexuel condamné à mort. Sur la route de son exécution, le fourgon de police qui le transporte heurte un autre camion… contenant une substance chimique dangereuse. Jack est propulsé hors du véhicule, dans la neige où il entre en contact direct avec le produit qui le dissout… littéralement. Et la neige l’absorbe. On assiste à sa renaissance quand le fils de celui qui l’a jeté derrière les barreaux construit un bonhomme de neige dans son jardin. Tranquillement. Alors qu’il le met en forme, le bonhomme de neige inerte prend vie. Jack Frost est de retour et il n’a pas fière allure, c’est un bonhomme de neige crée par un garçon d’environ 10 ans après tout. Merci au petit budget costume du film (petit budget dû à un investissement conséquent dans une quantité impressionnante de fausse neige pour le tournage?).

Jack Frost poursuit ensuite sa mission : se venger de celui qui l’a fait arrêter. On assiste alors à une série de meurtres horribles traités avec l’humour le plus gras. Parmi les scènes cultes du film : le meurtre d’une pauvre dame étranglée avec ses guirlandes de Noël et placée, avec goût, en décoration sanglante sur son propre sapin. La scène devient drôle, on voit successivement et sans aucun souci de raccord mouvement les bras-traversins de Jack Frost, son visage bouboule-de-neige souriant et le visage de sa victime. Son rire gras et les grands « swoooosh » qui accompagne chacun de ses mouvements ont raison de l’horreur de l’acte commis. Dédramatiser à grand coup d’humour bien lourd, voilà la force de ce nanar. Même la violence d’un viol est traitée avec ridicule lorsque Jack Frost retire sa carotte encore chaude de sa victime et la replace sur son visage en ricanant. Humour beauf oblige, les symboles phalliques sont partout, on ne regarde plus une stalactite de la même façon après Jack Frost.

Mention spéciale aux doublages médiocres qui rajoutent une bonne dose narnardesque à des répliques déjà très fines! L’écriture fait le bon nanar.

 

#3 BIRDEMIC: SHOCK AND TERROR: Le nanar labellisé « Eco-friendly » bricolé par James Nguyen. (2008)

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Une petite merveille de mauvais goût, sonore et scénaristique inspiré des Oiseaux d’Alfred Hitchcock, rien que ça. Le résultat? Un nanar apocalyptique détonant! Ici la fin du monde prend la forme d’une horde d’oiseaux…moches et méchants venus exterminer les hommes et les « sensibiliser » la question du réchauffement climatique.

A raconter, c’est simple. A condition de ne pas trop se poser de questions et d’accepter d’embrasser la dimension absurde du scénario. C’est seulement à cette condition que l’on peut apprécier de suivre les vies de Rod, notre héros, un télémarketeur prometteur et de Nathalie, la jeune femme qu’il rencontre.

Passons l’originalité du couple de l’homme d’affaire et de la femme mannequin qui pose en sous-vêtements pour Victoria Secret. L’histoire d’amour entre ces deux clichés bien genrés nous donne l’occasion de soupirer de bonheur devant la qualité de la prise de son, sans aucun doute un des points forts du film. Avec des bruits de fond qui ne sont pas atténués, un micro qui a la bougeotte et un bon décalage entre le son et l’image, le spectateur a presque du mal à saisir toute la qualité et la profondeur des répliques que s’échangent les deux amoureux.

Après une première nuit d’amour (avec bruits de bouche et frottements de pieds folichons), des aigles en 2D qui semblent tout droit sortis d’un jeu d’arcade des années 80 et qui font du surplace s’abattent sur la ville. A coup d’explosions cheap et en répandant une pluie d’excréments radioactifs, ils sèment la terreur sur fond de cris de mouettes prépubères. A partir de là, chaque capture d’écran vaut le coup d’oeil, chaque plan devient iconique.

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Face à tout cela, un jeu d’acteur sans précédent. Notre héros aborde fièrement le même regard vide et hagard devant une femme déshabillée comme devant un aigle kamikaze qu’il tente de combattre avec un cintre. L’acteur est à la hauteur de son réalisateur, leur médiocrité fait de Birdemic un monument narnardesque, une apologie délicieuse du mauvais goût.

 

Laurie ETHEVE