Timothée Chalamet, nouvelle coqueluche d’Hollywood

A seulement 24 ans, le jeune franco-américain est celui que tout le monde s’arrache. Alors que sa carrière ne fait que commencer, l’acteur peut déjà se targuer d’avoir tourné avec les plus grands, de Christopher Nolan à Woody Allen, en passant par l’inimitable Wes Anderson, pour son prochain film, tourné à Avignon s’il vous plaît.

Qui peut se vanter d’avoir déjà été nommé aux Oscars ou aux Golden Globes à 24 ans ? Ils ou elles sont rares, pour ne pas dire quasiment inexistants. Mais des jeunes acteurs, le 7ème Art en a déjà connu dans le passé. Ils ont été égéries ou stars d’un soir, leur nom parfois oublié aussi vite que leur passage sur le tapis rouge. Pourtant, avec Timothée Chalamet c’est déjà différent. Depuis Call me by your name en 2017, son nom est sur toutes les lèvres, et avec sa gueule d’ange ou son air faussement rebelle, il donne le ton : incarner le grand avec les plus grands. Portrait de ce grand jeune acteur. 

Des débuts prometteurs

Né à New York d’un père français et d’une mère américaine, suivant des études classiques aux Etats-Unis et passant ses vacances dans la Loire en France, Timothée Chalamet est un pure mélange qui incarne à merveille cette intelligentsia dont il peut représenter les traits dans ses rôles. Ainsi d’étudiant cultivé et charmant dans Call me by your name il devient lycéen qui se l’a joue poète mélancolique, cigarette en bouche et mèche rebelle dans Lady Bird pour devenir plus récemment roi d’Angleterre dans Le Roi pour Netflix. Pourtant avant que le tout Hollywood ne lui ouvre ses portes, le jeune acteur n’en était pas à son coup d’essai.

C’est en 2014 que le grand public découvre son visage dans le très spatial Interstellar de Christopher Nolan. La première séquence le voit pourchasser des drones en compagnie de sa sœur et de son père, Matthew McConaughey. Un petit rôle mais déjà l’ambition est là, jouer dans la cour des grands. Il tient ensuite l’un des premiers rôles dans l’agréable mais néanmoins oublié Miss Stevens, qui voit une prof escorter quelques-uns de ses élèves vers un concours d’éloquence. 

2017 : la révélation

Mais en 2107, époustouflant dans la peau d’Elio, jeune garçon de 17 ans perturbé par ses sentiments naissants pour Oliver, Timothée Chalamet a réussi à charmer aussi bien les critiques que le public dans le film du réalisateur italien Luca Guadagnino, Call me by your name. Ainsi, il donne à voir le sublime qu’est l’être sensuel et amoureux, celui qui repousse, se cherche et partage, tout perturbé qu’il est, sur fond d’Italie estivale, chaude et magnifique. Et ça y est, il est là le grand acteur. Celui là même qui dès les premières images fait grâce d’émotions et de “trop” pour faire ressentir le réel dans cette performance saisissante, spontanée et à fleur de peau. 

“ Je veux être un acteur, pas une célébrité “

Cette même année 2017 est aussi l’occasion pour lui de jouer, cette fois dans un second rôle, dans Lady Bird, première réalisation de Greta Gerwig. Ce film choral, à l’atmosphère si singulière, chronique d’une ado en crise de croissance, perdue entre les vestiges de l’enfance et les promesses de l’âge adulte est d’une sensibilité attachante et d’une lucidité enchantée. Là, il incarne Kyle, jeune lycéen rebelle, charmant par son aspect sombre d’intellectuel solitaire et mélancolique, qui sans tomber dans le cliché d’un ado ombrageux offre de belles scènes à Saoirse Ronan. Mais derrière ces aventures faussement banales et vraiment justes, le destin opère alors. En rêvant éperdument d’un ailleurs dans ce film, Timothée Chalamet est en train, sans le savoir encore, d’avancer vers un avenir radieux.

Les sentiers de la gloire

Timothée Chalamet est un homme si singulier. Son parcours est à analyser pour comprendre qu’il a déjà tout d’un grand, et que son nom n’est pas prêt d’être oublié. Prodigieusement il a sû se faire un nom en jouant dans le “contre-Hollywood”, c’est-à-dire dans ces films d’auteurs, ou en tout cas indépendant, qui sans être (parfois) prétentieux lui ont surtout permis de s’exprimer et transcender en dehors des chemins tracés d’Hollywood. Pas de grosses productions au budget mirobolant, aux manques sérieux de créativité, de sens ou de vie, mais des films, surfant à contre-courant qui, au delà de révéler des auteurs et des réalisateurs pour le coup doués, sont  digne de dévoiler la plénitude d’un acteur. Or cet acteur il y a là 24 ans, et semble déjà arrivé au sommet de son art. Tout est question de rester sur ce sommet, dangereusement instable et abrupte, en alternant intelligemment les rôles d’auteurs et en restant honnête, comme avec cette naïveté adolescente dont il fait preuve. 

En 2020, Timothée Chalamet est annoncé dans le très attendu film de Wes Anderson The French dispatch, tourné en France à Avignon, toujours avec ce casting dingue qu’on lui connaît, auquel s’ajoute Léa Seydoux, Kate Winslet et (tiens encore) Saoirse Ronan. Il sera aussi au casting du très énimagnatique et dangereux Dune de Denis Villeneuve, dont le remake n’était pas franchement souhaité ni nécessaire.

Blaise Glorieux