Scream : ou comment le « slasher » a été redécouvert

Quand dans une conversation, on en vient à parler du genre de l’horreur, Scream a souvent une place particulière. Ovationné par certains pour son intelligence, il est encore pour beaucoup d’autres un énième film pour adolescents. Bien plus qu’un simple slasher, genre de l’horreur où des jeunes sont confrontés à un tueur psychopathe, Scream est complexe ce qui lui accorde une place particulière dans l’histoire de l’horreur. Originellement appelé Scary Movie par le scénariste, le film revendique un côté parodique et constitue un véritable hommage à tous les canons du genre.

Si tout le film n’est pas à ériger au rang de chef-d’œuvre, les treize premières minutes méritent amplement ce titre. Ce que Wes Craven, le réalisateur, réussit à faire dans cette longue première scène relève donc du génie. On observe une jeune Drew Barrymore cherchant à passer une soirée devant un film d’horreur quand le tueur entre dans sa vie à travers un appel téléphonique. Et c’est bien à ce moment précis que le génie de Wes Craven et de Kevin Williamson (le scénariste) éclate. Casey (Drew Barrymore) n’est pas une adolescente stéréotypée comme toutes les autres : elle représente le spectateur. Le tueur va jouer avec elle en lui demandant son film d’horreur préféré, en lui posant des questions sur les classiques du genre. Wes Craven arrive même à nous faire rire en critiquant les suites qu’il n’a pas réalisées de son  Les Griffes de la nuit. Casey offre donc au spectateur des références communes : Vendredi 13, Halloween, Les Griffes de la Nuit, autant de films que tout amateur d’horreur connaît ne serait-ce que de nom.

Le spectateur s’identifie alors à Casey et la peur entre en jeu. Objectivement, les 13 premières minutes sont les seules un tant soit peu effrayantes dans ce film, car le but est tout autre. A travers de nombreuses références et de clins d’œil cachés, Scream est un film fait avant tout par des amateurs d’horreur. On entend alors les personnages dire qu’il ne faut jamais demander qui est à l’appareil ou affirmer que l’on revient tout de suite car c’est s’assurer que le tueur les assassinera. Scream prend alors la place du spectateur et amène ce dernier à considérer ce qu’il a devant les yeux comme un nouveau genre de slasher. Le personnage de Randy Meeks devient ainsi essentiel au film, alimentant toutes les références à l’horreur. La scène finale dans le salon où Randy choisi de mettre Halloween conclue l’hommage à John Carpenter que Wes Craven avait entrepris de rendre dans la première scène.

On comprend relativement vite le but de Scream : Il ne s’agit pas de faire peur, mais bien de créer un film d’horreur où le spectateur n’est plus considéré comme ignorant. Le réalisateur brise le quatrième mur pour faire entrer le spectateur dans la confidence et ainsi bouleverser sa conception de l’horreur.

De l’hommage au passé, on passe alors à une redéfinition du slasher dans le futur. Alors en perte de vitesse, le genre du slasher se relance immédiatement après Scream avec deux suites en quatre ans et surtout le très bon Souviens-toi… l’été dernier. Seul véritable héritier de l’esprit Scream, seize ans plus tard, La cabane dans les bois réalimente la tension entre parodie de l’horreur et véritable film d’épouvante.

Scream : après la Tétralogie, la Série ?

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Adapter la saga en série était un pari risqué. Le parti pris est de reprendre l’esprit de l’opus originel, sans en reprendre l’histoire. Les premières minutes du pilote sont alors truffées de références au film de 1996, allant même jusqu’à imiter la scène d’introduction. Le pilote prend le recul sur le genre dont le film avait fait preuve en son temps. On entend alors Noah expliquer qu’un slasher n’est pas imaginable en série télé à cause de ses codes, codes eux-mêmes repris par la série.

La série tombe pourtant dans les clichés commerciaux que le film avait su éviter. Le spectateur se demande très vite s’il ne regarde pas un énième épisode de Pretty Little Liars ou bien une série d’horreur. Les références réactualisées forcent donc la comparaison et desservent ce projet ambitieux. Si American Horror Story avait réussi dans les premiers temps à nous faire peur, Scream réussira tout au plus à nous faire frissonner, n’offrant jamais de réelles scènes d’horreur. De plus, si le scénario du film pouvait sembler simpliste, le twist final de l’identité du meurtrier était finalement plutôt réussi contrairement à celui de la série qui est devinable dès la première moitié de la première saison.

La série échoue alors là où les films de Wes Craven avaient su exceller.

David Lecaplain