Gus Van Sant

Gus Van Sant cinematheque avril 2016

En l’honneur de l’exposition Gus Van Sant à la Cinémathèque que l’équipe de Cinépsis a adoré, Charlotte, Janna et Fanny vous font  leur top 5 des meilleures réalisations de ce cinéaste atypique.              

Gus Van Sant à la cinémathèque, ou comment découvrir l’autre homme derrière le cinéaste : le photographe, le peintre, l’homme charismatique et ténébreux… On découvre un artiste génialement complet et magnifiquement humain ! En proie à ses démons, passionnés par ses Muses : des figures de proue de la Beat Generation à Mickael Pitt, en passant par Matt Damon et Robin Williams, tous l’ont suivi dans les tréfonds de sa créativité.

L’exposition nous montre plus qu’elle ne nous en apprend vraiment. Elle choisit de nous révéler l’œuvre la moins connue et pourtant la plus importante de Gus Van Sant. C’est là un homme complexe, dont le cinéma n’est qu’un mode d’expression parmi d’autres. Il demeure insaisissable et nous fascine, d’autant plus que ce que l’on apprend de lui, c’est qu’on en sait toujours trop peu ! L’on navigue assez facilement et librement, ce qui est appréciable pour s’approprier son univers … Mais l’appétit inassouvi nous pousse vite, à la sortie, à nous précipiter sur ses films, toujours à voir et à revoir !

 

TOP 5 D’UNE ICÔNE DU CINÉMA ANTICONSENSUEL : GUS VAN SANT, LE GÉNIE HÉTÉROCLITE

Le top de Charlotte

  1. PRÊTE À TOUT (To Die For)

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Parce que c’est une satire cynique et grinçante du American way of life, du narcissisme et de l’individualisme. Au-delà de la critique sociale, le plaisir des yeux : Nicole Kidman en femme fatale des banlieues pavillonnaires, fantasme de jeunes ados perturbés – au look un peu kitsch – ça vaut le coup ! Elle interprète une manipulatrice prête à tout pour arriver à ses fins, usant de ses charmes et consciente de son pouvoir de séduction. Les mirages du succès et l’obsession de la mise en scène de sa personnalité sont au cœur de dialogues fins qui interpellent. La médiatisation de soi est une réflexion sur l’image que l’on renvoie. Et c’est là que réside le fantasme : se voir à travers le dispositif médiatique et le prisme du regard d’autrui.

Le + : La B.O et la coupe de cheveux de Joaquin Phoenix.

 

  1. MY OWN PRIVATE IDAHO

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Parce que ce film marque un tournant sensible dans la réflexion sur la place de la jeunesse et sur la vision des marginaux rejetés par la société. Entre documentaire et Bildungsroman, le film met en scène la rencontre de deux hommes prostitués dont les personnalités sont à la fois antagonistes et complémentaires. Mike, le vagabond démuni, rongé par sa narcolepsie et son désir de retrouver sa mère. Et Scott, le bourgeois à l’avenir tout tracé qui décide de prendre le contre pied de ce qu’on attendait de lui. Cette épopée sur le renoncement des privilèges et l’amitié amoureuse entre un paria et un bourgeois devenu prostitué est une réécriture d’Henri IV de Shakespeare. La poésie du langage et la douceur de la noirceur offrent un regard juste et pénétrant sur la solitude.

Le + : Le minois de River Phoenix et les grands espaces.

 

  1. HARVEY MILK

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Parce que ce magnifique film raconte l’histoire vraie et bouleversante d’une célèbre icône s’étant battu pour les droits des homosexuels aux États-Unis. C’est le portrait d’une Amérique en quête de libertés sous le prisme de l’homosexualité – sujet qui parcourt l’oeuvre de Gus Van Sant. La performance d’un Sean Penn poignant jouant un orateur militant est à couper le souffle. Encore une fois, du cinéma engagé et honnête oscillant entre documentaire et dramaturgie du réel.

Le + : La reconstitution du San Francisco des années 70…et James Franco.

 

  1. ELEPHANT

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Parce qu’on ressort du film -presque hypnotisé- avec un sentiment étrange et ineffable. C’est l’histoire d’une tuerie sèche et ultra violente dévoilée selon différents points de vues dans un espace circulaire et étouffant d’un lycée quelconque aux États-Unis. L’adolescence est filmée dans ses plus sombres états et conte l’angoisse d’une société gangrenée par une violence surexposée. Pourtant ce film n’est ni moralisateur, ni manichéen ; l’approche poétique et narrative expose avec finesse l’horreur du réel.

Le + : L’esthétisme et la justesse.

 

  1. LAST DAYS

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Parce que c’est un portrait sensible des derniers jours d’une réplique d’un Kurt Cobain sombre et désabusée. N’étant ni une biographie ni un documentaire informatif sur le suicide du rockeur, le film est une balade poétique à travers la solitude, l’angoisse, l’errance, le chaos et la quête de délivrance. Le suicide en exergue ne fait pas état de jugement, il est une sorte de détachement – visuellement mis en scène – au sens propre du terme.

Le + : Encore une fois, la splendide BO… et les quelques apparitions d’Asia Argento.

 

Charlotte Renaudat-Ravel


Le top de Fanny

5.Restless, 2011

Une histoire d’amour entre une jeune femme malade et un jeune garçon solitaire.

Pourquoi ?

Si le film ne fait pas un sans faute, Gus Van Sant a le mérite de sortir des codes du film d’amour banal. Rien à voir avec « Nos étoiles contraires », « Restless » réussi le pari de jongler avec poésie et « brute réalité » sans tomber dans l’excèsAfficher l'image d'origine

 

  1. Paranoïd Park, 2007

Un jeune adolescent sans histoires passionné de skateboard commet un acte irréparable.

Pourquoi ?

Paranoïd Park arrive à nous projeter au plus près du héros, gros plans, ambiance feutrée et pesante, on se sent comme à la place du jeune garçon qui jours après jours nous dévoile comment il vit avec sa culpabilité.

 

  1. Court-métrage Paris je t’aime  « Le Marais », 2006

Coup de foudre dans un quartier parisien

Pourquoi ?

Pour la poésie du scénario

  1. Elephant, 2003 (palme d’or du festival de Cannes )

Une fusillade dans une école aux Etats-Unis

Pourquoi ?

Pour une mise en scène sans artifices qui nous transporte avec justesse au plus près d’un sujet si polémique aux Etats-Unis.

  1. Good Will Hunting, 1997

Je reconnais avoir tout sauf un avis objectif sur ce film, non seulement à cause >> GRÂCE à Matt Damon, mais parce que ce film est littéralement mon film préféré depuis mes 13ans ( au point d’acheter le script lors d’un voyage à San Francisco)

Pourquoi ?

Car Robin Williams nous montre qu’il joue à merveille « l’intellectuel paternel » , à l’instar de son rôle merveilleux dans « Le cercle des Poètes Disparus », il guide un garçon brillant mais brisé qui a besoin que quelqu’un croit en lui sans artifices et sans arrières pensées. Un scénario singulier sans mélodrames inutiles, des personnages principaux passionnants, des rires, des neurones en ébullition, de la baston, de la romance et bromance, regardez le !!!

+Matt Damon et Ben Affleck remporte l’Oscar du meilleur scénario en 1998, et Robin Williams celui du meilleur second rôle.

 

FUN FACT

Vous ne le saviez sûrement pas, mais Gus Van Sant est aussi le réalisateur de ces deux clips incontournables des années 90 !!

No comment sur le style des années 90 qui a comment dire….. « bien évolué » !

Bowie. Fame’90

Red Hot Chili Peppers « Under The Bridge »

 

Fanny Dolléans


Le top de Janna

1. Elephant

Spectateurs indolents nous nous laissons emportés dans cette tragédie. L’objectivité comme parti pris ne fait que renforcer la gravité du sujet et ne peut laisser indifférent. Une approche originale qui se propose de toucher la réalité dans ses aspects les plus techniques, les plus détachés, les plus factuels. C’est en tenant le plus à distance les émotions que notre affect est saisi, piégé et explose avec force.

2. Paranoid Park 

Troisième volet du triptyque aux côtés d’Elephant et de Last Days très réussi. L’adolescence est toujours un prétexte de GVS pour mieux montrer la profondeur et la fragilité de l’homme confronté à la contingence, à des conjonctures malheureuses. Le spectateur suit le point de vue de ce jeune homme, il navigue lui aussi sur son skate avec fluidité et fausse insouciance, confrontés aux mêmes choix difficiles : vivre libre, vivre coupable, vivre prisonnier mais absout, vivre libre mais dans le repentir … En réalité, comment vivre ?

3. Gerry

Un En attendant Godot neuf et original. Que dire si ce n’est que GVS nous fait ici comprendre avec force l’absurdité de l’existence ? La recette est pourtant simple, deux personnages et le néant. Le néant du début à la fin, et nous spectateurs. Un écran, un fauteuil, un regard posé sur du vide. Deux hommes perdus dans ce vide qui ne savent où poser leur propre regard. Une immensité, l’insoluble, l’inconcevable existence…

4.Will Hunting

Beaucoup plus léger, beaucoup plus facile que les précédents. Rafraîchissant et ébouriffant. Le sourire en coin se dessine tout au long de ce film, un Matt Damon majestueusement désinvolte, un Robbin Williams fabuleusement inspirant ; ici encore GVS nous fait pointer du doigt les incohérences de l’homme et nous incite sagement à la révolte.

5.Last Days

L’existence est-elle aussi insignifiante ? Sommes-nous des hommes quelconques, vaguement de passage par ici ? GVS ne nous apporte pas de réponse mais il choisit de nous montrer avec brio, une approche humble mais essentielle de la vie à travers les derniers jours d’un possible Kurt Cobain, ou vous… ou moi… Michael Pitt se livre dépouillé, fugace, vivant. Il s’exprime peu et laisse la caméra parler pour lui, quand ce n’est pas sa guitare profonde et expressive, juste sublime.

Janna Boubendir