Éric Rohmer à la Cinémathèque

Bande Annonce Eric Rohmer Cinémathèque
Bande Annonce Eric Rohmer Cinémathèque

Dès le 9 janvier et jusqu’au 11 février, la Cinémathèque française consacre une rétrospective à Éric Rohmer, réalisateur français de la Nouvelle Vague, qui se poursuivra au cinéma Le Louxor. L’occasion de débuter l’année en compagnie du cinéaste qui immortalisa une jeunesse en fuite, celle des villes d’heures bleues et des mers de rayons verts.

Rohmer Nouvelle Vague

Celui qui a, en tant que théoricien, oeuvré à faire du cinéma un art à part entière, est également à l’origine d’une trentaine de longs-métrages répartis en série de films telles que les Six contes moraux ou encore les Contes des quatre saisons. Des plages de Dinard dans Conte d’été (1996) à celles de Biarritz dans Le Rayon vert (1986), du Paris de L’amour l’après-midi (1972) à Clermont-Ferrand dans Ma nuit chez Maud (1969), Éric Rohmer tente de prendre la mesure d’un quotidien vécu bon gré mal gré par des personnages en quête de sens. Les lumières et les décors sont naturels et témoignent d’une volonté de capturer une réalité française tout au long des années 60 à 90. Auteur avant d’être cinéaste, Rohmer écrit tous les scénarios de ses films et se révèle un véritable virtuose de la conversation. Toutes les exigences qu’Éric Rohmer impose à ses histoires comme à ses acteurs, témoignent d’une ascétique recherche de la vérité, accompagnée d’un lyrisme faisant de la langue l’expression vitale par excellence. Les acteurs embrassent une sensualité exaltée par les mots, dont la conduite est uniquement prescrite par la Beauté. La parole exprime le besoin d’unicité du personnage rohmerien, perdu par son désir dans l’infini des choix possibles. Ainsi, le cinéaste introduit une symbiose entre le cinéma et la littérature, projetant l’art dans ses films comme autant de références indispensables.

Rohmer femme transat AISSELLES POILUES

Loin de n’être que des objets de désir, car elles seules décident de le susciter, les femmes mènent leur devenir féminin, revendiquent une liberté acquise et réelle. Dès ses premiers films, le cinéaste se pose la question du consentement et de l’intégrité du corps féminin. Dans La Collectionneuse (1967), le personnage d’Haydée (Haydée Politoff) oppose un refus catégorique au désir appuyé d’Adrien (Patrick Bauchau) et Daniel (Daniel Pommereulle) jusqu’à inféoder les parties d’ordinaire en puissance.
Enfermées dans des appartements de charme ou prises dans une nature impitoyable, les personnalités prennent le pari d’un voyage introspectif censé les mener jusqu’à leur vérité, amenant spontanément le spectateur à s’identifier. L’itinéraire des films et des personnages d’Éric Rohmer démontrent que l’art aide à mieux vivre et, à ce titre, le cinéma. À la profusion des questionnements existentiels humains, la réponse apportée par l’art, celui capable de nous révéler à nous-mêmes, et, parfois, de tracer un chemin fait pour nous.

Florine MARMU