Des guerres et des étoiles, Rogue 1 : A Star Wars story

Bien. Alors. Déjà, savoir pré-requis, j’adore Star Wars.

Ce qui veut dire deux choses contradictoires: d’une part, exégèse tatillonne, je ne jure que par la première trilogie, et tout ce qui vient autour frôle l’apocryphe ; mais d’autre part, plus on me donne du Star Wars, plus je suis contente, et, en soi j’apprécie tout ce qui a trait avec ce monde absolument génial. Oui, tout, même Jar Jar Binks…

Et même le spin off Rogue 1 : A Star Wars Story ?

Les films « en plus » peuvent être facilement décevants, irritants, voire carrément iconoclastes ; ces suites peuvent être taxées de faire un film pour faire un film sans nécessité, ou même sans cohérence par rapport à l’histoire originale.

Alors j’étais très sceptique en allant voir Rogue 1, film qui prend un pari risqué : les scénaristes ont eu l’honnêteté de ne pas inventer d’histoire parallèle qui aurait pu paraître trop artificielle et ont choisi de donner un prequel – un autre, plus immédiat – à l’épisode IV, par conséquent les fans de Star Wars vont voir un film dont ils connaissent déjà la fin.

Comment le film se dégage t il de cette position ?

Il est assez clair que Rogue 1 est fait pour ceux qui ont vu les autres films, il est ponctué de références (« I have a baaaad feeling about this »…). Le choix d’utiliser des hologrammes, certes décelables mais tellement saisissants, pour pouvoir faire intervenir des personnages références, est une vraie valeur ajoutée lorsqu’on sait ce qui se passe dans le IV.

Mais, même si Rogue 1 gagne à être relié aux trilogies originelles, il fait cependant un pas de côté par rapport aux films de l’histoire principale : on rompt avec le cultissime générique de début, et le thème musical du film commence comme celui de Star Wars, mais n’est pas exactement le même. Quelques détails, certes, dont beaucoup déplorent l’absence mais qui pour moi concluent un certain pacte, d’emblée, avec le fan hardcore : le film ne prétend pas être ce qu’il n’est pas.

Cela dit, si Rogue 1 commence en se démarquant des films principaux, et me laissait au début assez de marbre – oui les plans sont superbes, oui les images de synthèse sont époustouflantes, oui l’histoire tient la route, mais je ne retrouve vraiment pas ce qui me plaît tant dans Star Wars – le film y revient progressivement, et la toute fin est un retour au plaisir de la saga. Les « may the force be with you » réapparaissent, certains personnages connus aussi (coucou lord Vador). Alors que je partais pleine de réluctance, par ces scènes de bataille à base de « Gold Leader » et de « Red leader » bien comme on aime, par ces retournements de situation dignes des « vrais » films, j’ai été, malgré tout, embarquée et émerveillée. Ce retour progressif à Star Wars pur et dur est d’ailleurs symbolisé par le générique de fin, qui, contrairement à celui du début, est le mythique morceau composé par John Williams pour la saga.

Sans arriver au niveau de coolitude des films de la saga principale – est-ce seulement possible, vous avez quatre heures –, il surprend et il joue le jeu.

Si l’on peut lui reprocher de manquer de subtilité (l’Empire est très méchant, les gentils sont très gentils, et on manque de ces personnages doubles et complexes qui font la richesse de Star Wars), ce dernier opus comprend cependant des moments de vraie poésie, dans des plans magnifiques : pour ne citer qu’un exemple lors une bataille finale grandiloquente, sur une plage tropicale évoquant furieusement un débarquement en Normandie ou la guerre du Vietnam avec ces soldats rebelles en kaki, certains continuent au milieu des tirs et des obus à croire en la Force, ou en l’espoir, qui finissent par être la même chose.

Pour le nouvel arrivant, c’est un spectacle, avec batailles, émotions, rebondissements, rires, rayez la mention inutile.

Pour le fan de Star Wars, c’est un beau clin d’œil et, finalement, toujours un plaisir de retrouver cet univers.

C’est un film qui ne peut clairement que diviser : là où certain verront de l’émotion d’autres verront de la mièvrerie ; certains déploreront l’écart par rapport à Star Wars alors que d’autres le féliciteront de cette humilité et de cette prise de risque ; ceux qui n’aiment pas seront traités de grincheux intransigeants et les autres de social-traîtres. Tout le monde aura sûrement un peu raison.

Nous étions plusieurs à aller le voir, tous des fans furieux : une amie l’a détesté ; un ami l’a adoré sans retenue ; moi, la fin m’a bien cueillie malgré mes réticences initiales, j’ai passé un bon moment, je n’aurais sans doute pas de pulsion d’urgence à le revoir comme j’ai avec les autres, mais en tout cas en rentrant chez moi j’ai rêvé de sabres lasers, j’ai le Thème de la Force dans la tête depuis vingt-quatre heures, et il m’a terriblement donné envie de revoir l’épisode IV, je m’y attèle de ce pas.

Je le mets en route, et il débute avec ces simples phrases, dans ce défilement jaune qu’on ne présente plus :

« À bord de vaisseaux spatiaux opérant à partir d’une base inconnue, les Rebelles ont remporté leur première victoire sur l’abominable Empire Galactique.

Au cours de la bataille, les Rebelles ont réussi à dérober les plans secrets de l’arme absolue de l’Empire : l’Etoile Noire. »

Maintenant, je sais à quel prix.

Ambre Chalumeau