Un singe en Hiver

Un Singe En Hiver

    En Normandie, en plein cœur des bombardements alliés, un hôtelier, Monsieur Albert Quentin (Jean Gabin) court désespérément après sa jeunesse et ses souvenirs des mers de Chine. C’est en plongeant dans les bouteilles avec son compagnon de beuverie qu’il retrouvera goût aux eaux tumultueuses du Yang Tsé Kiang. Jusqu’au jour où celui-ci jure à sa femme que jamais plus il ne touchera un verre d’alcool si par chance leur hôtel est épargné par les bombes.
Mais quelques années plus tard c’est sous les traits de ce diable de Fouquet (Jean-Paul Belmondo), parisien de passage en Normandie pour récupérer sa fille trop longtemps oubliée au pensionnat, que la tentation vient à nouveau torturer Albert. Ensemble les deux comparses vont tromper l’ennui et noyer leurs désillusions dans l’alcool. Fouquet à la fureur de vivre, le diable au corps et le cœur oublié en Espagne. Ce qui par ailleurs donnera lieu à deux remarquables scènes andalouses, je ne vous en dis pas plus, ce sera à vous d’aller voir par vous même si la curiosité vous en dit. Fouquet, ou la rédemption, âme esseulée et égarée qu’Albert remettra dans le droit chemin comme en Chine on le fait avec les singes, en hiver.

Il serait trop facile de juger ce film comme un simple film populaire à la thématique grivoise, un film qui érigerait en modèle deux poivrots inconscients. Gabin et Belmondo livrent ici, comme à leur habitude, une prestation juste et authentique. Les dialogues ciselés de Michel Audiard subliment ces deux âmes à la dérive. D’un côté « les grands ducs (…) les princes de la cuite, les seigneurs » de l’autre « les boit sans soif (…) ce qui ont le vin petit et la cuite mesquine. » Ce n’est plus boire pour oublier mais pour revivre, pour satisfaire une dévorante envie de vivre. C’est une ode à l’existence, à l’image de ce feu d’artifice final, bouillonnant et démesuré.

« On n’a rien à foute chez les Français moyens, on n’appartient pas au même bataillon. (…) Adressez-vous à l’intendance. Nous, on n’paye plus, on n’connait plus, on n’salue plus. On méprise. »

Mélissa Lazzari

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