Sweet Alabama

Une énergie folle. Une étreinte au cœur qui vous tire le buste en avant, irrésistiblement.
 Le souffle vous manque(ra).
 Alabama Monroe est une expérience blue-grass (Monroe en clin d’œil à Bill Monroe, qui impulse ce style musical dans la première partie du XXème siècle) mordante dans sa façon de vous tenir de la première note au dernier silence dans un trop plein, un trop vide, une tension apaisante, lourde, joyeuse, follement triste. À l’image des acteurs et de leur jeu, tenus de faire vivre à l’écran une pièce nécessairement prise dans le trop-vrai théâtral – rarement cinématographique, la bande sonore nous fait vaciller, nous prend et nous perd, en bref, nous embarque, pleinement.

Hymne à la musique américaine, à sa capacité à épouser le réel et ses impressions qui paraissent parfois trop s’en détacher, la musique de The Broken Circle Breakdown (titre original) est un savant mélange d’inspirations : Bruce Springsteen, Lyle Lovett, Johnny Bella. Bjorn Eriksson, inconditionnel de blue-grass depuis ses seize ans, et les interprètes-acteurs (Veerle Baetens était d’abord une voix), signent une musique qui rythme le film et ses silences. Entre ellipses ou approfondissements, la bande originale n’est pas seulement le fil rouge, le point de rencontre. La musique de Bjorn Eriksson annonce, éclaire, ralentit, elle est aboutissement et point de fuite, nerveuse, sensuelle.

« If I needeed you » sonne le clap de fin. Écrite par Townes Van Zandt en 1972, reprise neuf ans plus tard par le duo d’artistes country Emmylou Harris et Don Williams, cette chanson donne un nouvel élan : le cinéma s’efface, finalement, et laisse place aux sons de guitares, The Broken Circle Breakdown Bluegrass band naît et la musique continue.

Guillemette Trognon

  • Alabama Monroe (2012) est une adaptation de la pièce de théâtre écrite par Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels, superbement transcrite dans le septième art par le réalisateur de la non moins belle Merditude des Choses (2009), Félix van Groeningen. •