Rosemary’s Baby

New York, le jour, vue aérienne en travelling lent. Une musique aux airs de comptine à la fois douce et torturée. Le ton est donné quant à l’atmosphère bi-polaire du film. Extrêmement réaliste, le dispositif provoque une sensation d’ambiguïté en adoptant le point de vue de l’héroïne. Rosemary Woodhouse est issue d’une famille nombreuse, rurale et catholique et même si ses mœurs ont évolué, elle reste victime de son éducation. Avec son mari Guy, elle emménage dans un appartement de la maison Bramford, à la réputation terrible , mais au loyer attrayant. Très vite, le couple est pris sous son aile par des voisins de palier, un couple de seniors. Minnie et son mari prennent tout en charge dès lors que Rosemary tombe enceinte. Mais celle-ci développe en secret une paranoïa du complot et des hallucinations qui vont la mener à découvrir un terrible secret…

         Avec Rosemary’s Baby, Roman Polanski réalise un coup de maître. Son thriller aborde un thème encore assez méconnu du cinéma horrifique : celui du satanisme. Délaissant les effets spéciaux, il conçoit un réalisme terrifiant au centre duquel se déploient conspirations et manipulations quotidiennes – réveil du fantasme de l’élite des sociétés secrètes. On dit que ce film a inspiré à William Friedkin en 1973 L’Exorciste. Loin d’aller puiser dans le gore et l’horreur pour faire peur, Rosemary’s baby concentre en deux heures un suspens éprouvant, une beauté et une clarté esthétique contradictoire avec les clichés du film d’horreur ainsi qu’un réalisme saisissant : tout est suggeré afin de stimuler la psychologie du spectateur. Alors si vous avez l’âme d’un Sherlock Holmes dérangé, venez résoudre le puzzle du Bramford et gare aux sueurs froides !

Mélanie Laffiac