Lolo : une comédie grinçante

Violette, une directrice artistique parisienne (incarnée par Julie Delpy, par ailleurs réalisatrice du film), part en Thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie. Elle y rencontre Jean René, un plouc en sandales-chaussettes  (Dany Boon) : c’est le début d’une relation idyllique. Les choses se gâtent lorsque ce dernier emménage à Paris où il fait la rencontre du fameux Lolo (Vincent Lacoste), le fils de Violette, qui se promet de faire déguerpir ce compagnon qu’il ne juge pas à la hauteur.

Lolo commence comme une comédie honnête, un peu grasse : des blagues en dessous de la ceinture, un comique attendu sur le contraste entre les différents milieux sociaux dont sont issus les personnages et entre parisiens / provinciaux. Le film trouve vraiment son rythme au fil des diverses machinations que Lolo élabore pour se débarrasser de Jean-René, qui suscitent un rire de plus en plus jaune – il arrive un point où le moindre sourire de Vincent Lacoste (excellent dans ce rôle de fils à maman égocentrique) crispe le spectateur dans son fauteuil. On pense bien sûr à un Tanguy, de Étienne Chatiliez, où les rôles seraient inversés. Le recours à un virus informatique semble d’ailleurs être un clin d’œil à une scène d’anthologie de ce dernier. Mais Lolo n’est pas une redite : là où Tanguy était un portrait d’une génération Y déboussolée, le film de Delpy se focalise d’avantage sur ses personnages dans leur singularité et leurs névroses,  atteignant par moment une véritable intensité dramatique.

Au delà de quelques poncifs donc, une comédie grinçante juste ce qu’il faut, ponctuée de bonnes trouvailles, et servie par des acteurs tous convaincants dans leurs différents registres.

Estelle Naud