La French

A la sortie de La French, début décembre, la famille du juge Pierre Michel déclare dans un communiqué de presse transmis à l’AFP qu’elle “souffre” de l’image dépeinte par le film de Cédric Jimenez. Et pour cause, celui-ci a pris un certain nombre de libertés quant à l’affaire la plus célèbre du grand banditisme marseillais… Avec La French le spectateur est immergé dans la guerre qui fait rage entre Pierre Michel, ancien juge des mineurs plein d’audace et la bande de l’inatteignable Gaëtan Zampa, surnommée la French Connexion.

 

L’œuvre de Cédric Jimenez décrit les luttes du juge Michel pour tenter d’enrayer le trafic d’héroïne qui gangrène la cité phocéenne et menace une Amérique de plus en plus protectionniste. Si Jean Dujardin excelle en homme obsédé par la justice autant que Gilles Lellouche en parrain de la pègre amateur de chemises satinées, ce sont les seconds rôles qui retiennent l’attention. Céline Salette est saisissante en femme de flic taraudée par la peur, mais ne bascule jamais dans la mièvrerie qu’on pourrait craindre d’une fiction à la french. Guillaume Gouix, jeune policier qui a cessé de se battre contre la main mise exercée par les Corses sur la PJ, surprend par un jeu âpre et sensible. Il donne ainsi du relief à un personnage qui aurait pu s’en tenir au cliché du flic marseillais peu zélé qu’on trouve trop souvent dans les séries françaises.

 

La qualité du film tient beaucoup à sa bande originale, entre classiques seventies et rythmes lancinants. De fait, le rythme ne s’essouffle pas malgré les 2h15 du film et enchaîne scènes filmées caméra à l’épaule et plans larges sur les calanques marseillaises. On pourrait cependant reprocher à Jimenez d’orchestrer un duel au soleil pour Dujardin et Lellouche, potes à la ville qui ne boudent pas leur plaisir… Ce duo n’est pas sans rappeler Deux hommes dans la ville de José Giovanni, beau film de gangsters qui rassemble Jean Gabin et Alain Delon. Car le personnage principal du film demeure Marseille, sublimée en sépia même dans une scène de règlement de comptes.

 

Clara Fornairon

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