L’exposition « De Méliès à la 3D : la machine cinéma », qui se tient à la cinémathèque jusqu’au 29 janvier 2017 présente une collection impressionnante de caméras, de projecteurs, de matériels de studio, d’archives et de films rares. Que vous soyez amateur de technique, intéressé par l’histoire du cinéma ou simplement amoureux des beaux objets, cette exposition vaut le déplacement.
Un parcours historique
La cinémathèque propose un parcours chronologique en découpant l’histoire du cinéma en grandes époques charnières : la naissance du cinéma, le cinéma pour tous, l’âge d’or du muet, le cinéma sonore, les expérimentations, la transition argentique/numérique. Parcourir l’exposition c’est parcourir 120 ans de progrès technique, des balbutiements de la fin du XIXème siècle à la netteté du numérique et à l’essor de la 3D. Vous entrez sur la caméra de Méliès, boîte en bois avec quelques rouages nichés à l’intérieur, vous sortez sur l’Alexa XT, une des caméras numériques les plus performantes du marché. De quoi donner le vertige.
Entre les deux, un nombre impressionnant d’appareils et de bouleversements historiques. La multiplication des formats de pellicule, l’allègement progressif des caméras, l’inscription optique sur pellicule des vibrations sonores, l’amplification électrique du son… du Chronochrome au Technicolor, de la photochimie au numérique… Autant de bonds en avant présentés dans l’exposition.
Comment la technique détermine le style
Un autre aspect de cette exposition est de montrer à quel point les recherches stylistiques au cinéma dépendent du matériel. En effet, entre un cinématographe Lumière posé sur trépied et une Caméflex 35 mm portable, on se rend bien compte que les possibilités formelles sont délimitées par la machine elle-même. À tel point qu’un type de caméra peut contribuer à fonder un nouveau mouvement cinématographique. La Caméflex précédemment citée est par exemple la caméra emblématique de la Nouvelle Vague, utilisée notamment par Godard, Truffaut, ou encore le célèbre directeur de la photographie Raoul Coutard. Celui-ci avait été reporter photographe durant la guerre d’Indochine, il tira de cette expérience une façon radicalement nouvelle de filmer, au plus près des acteurs, au plus près du mouvement. D’où la transition exceptionnelle que la Nouvelle Vague produisit à la fin des années 1950.
Pour que des images aussi marquantes que celles où Jack Nicholson dans Shining tente de massacrer son fils dans un labyrinthe glacé existent, il fallait d’abord inventer le steadicam, qui libère les mouvements de l’opérateur en maintenant stable la caméra. L’exposition présente les avancées technologiques qui révolutionnèrent l’image et le son.
Une exposition technique, historique et esthétique
Le cinéma, c’est aussi des machines, de l’optique, de la chimie, de l’électronique. C’est une histoire de format de pellicule, de concurrence acharnée et de succès industriels. La collection en rend bien compte : l’avantage de cette exposition, c’est qu’elle est parfaitement organisée et que l’équilibre détails techniques/grand public est bien dosé. Elle s’adresse aussi bien à celui qui veut découvrir qu’à celui qui veut approfondir.
Mais peut-être que le plus fascinant avec tous ces objets, c’est qu’ils sont simplement beaux. La différence entre art et technique est bien mince avec ces petits bijoux. Au-delà des prouesses technologiques, on peut les considérer dans leur aspect esthétique seul, comme de somptueuses sculptures mécaniques ou électroniques.
Infos pratiques
La Cinémathèque française
51 rue de Bercy
75012 Paris
Exposition jusqu’au 29 janvier
Tarif réduit 8,50 €
Horaires
- Lundi 12h00 – 19h00
- Mardi Fermé
- Mercredi 12h00 – 19h00
- Jeudi 12h00 – 21h00
- Vendredi 12h00 – 19h00
- Samedi à dimanche 10h00 – 19h00
- 17 décembre 2016 – 3 janvier 2017 10h00 – 19h00
Louis de Lavarène