Berlinale : Ulysses in the Subway – 3/8

Ulysses in the Subway est l’expérience hybride et singulière de cette 67ème édition, qui entrelace son, image et cinéma. L’idée initiale de ce film expérimental est d’imager le son, de lui donner corps à travers une représentation visuelle la plus fidèle possible dans sa dimension rythmique, de façon à ce qu’il apparaisse aux yeux des spectateurs comme un objet visuel concret, difficilement indissociable d’une image. Pari ambitieux mené par Paul Kaiser (vidéaste et écrivain allemand), Flo et Ken Jacobs (artistes peintres new yorkais), et Marc Downie (“artiste numérique”) car Ulysses in the Subway n’est ni un film, ni une bande sonore, mais un objet unique qui a pour base l’enregistrement d’un trajet d’une heure dans le métro new yorkais. On y reconnaît des bruits familiers, qui semblent ici universels ; les voix enregistrées annonçant les prochains trains, les ouvertures et fermetures des portes des wagons, les pas accélérés dans les couloirs interminables, ou tout simplement des airs de guitare qui s’échappent et résonnent dans les souterrains. À l’image, figurent des ondes sonores que l’on contemple chaussés de lunettes 3D. Ces ondes stylisées qui relèvent d’un travail graphique de post-production très pointu, dessinent au rythme de ce trajet souterrain un espace visuel imaginaire dont les couleurs ocres poussent à la rêverie.

Malgré la prouesse technique et artistique de ce surprenant voyage que nous offrent ces trois artistes plasticiens, il trouve cependant difficilement sa place dans une salle de cinéma.  Si le spectateur est comme capturé par ces images envoûtantes, cette répétition graphique évolue, certes, mais reste tout de même très semblable pendant une heure et entraîne rapidement dans un sentiment de lassitude. Bien que l’immersion dans cet univers visuel et sonore soit plus favorable pour y adhérer, on imaginerait plus facilement cette projection dans le cadre d’une exposition, où les visiteurs auraient à tout moment la possibilité d’en sortir.

Flore Daïen