4 bonnes raisons de regarder L’Effondrement

L’Effondrement est une série de 8 épisodes inspirée par les thèses de la collapsologie, co-produite par Canal + et le collectif les Parasites.

Alors que l’épisode trois est sorti la semaine dernière sur la chaîne Youtube des Parasites, voici 4 bonnes raisons de suivre le destin d’individus et familles, tentant de survivre difficilement dans un monde et un contexte qu’ils ne maitrisent plus, entre manque de ressources (énergie, nourriture…), panique et insécurité.

Avec une approche réaliste, la série parvient par sa structure minimaliste à nous procurer un sentiment d’oppression. Il n’y a ni interruption ni ellipses temporelles pour nous laisser le temps de respirer. On suit « à la trace » les déplacements des personnages, de face, de dos, de profil, on ne les quitte jamais. Chaque épisode d’environ 15 minutes nous happe et nous immerge dans un moment de vie d’une France post-apocalyptique. Dans l’épisode « L’aéroport », on accompagne un ultra riche interprété par Thibault de Montalembert de son lit jusqu’à son décollage à bord d’un petit avion, sans cuts visibles ! Ce choix cinématographique fort est justifié par Guillaume Desjardins (co-réalisateur et cadreur) au Parisien : « Le plan-séquence crée une urgence qui va bien avec le sujet traité. On coince le spectateur dans le temps réel de la fiction. Et le fait que ce soit tourné caméra à l’épaule fait penser au reportage journalistique. ».

L’Effondrement est une série résolument engagée. Avec ce scénario, les Parasites assument miser sur la peur pour faire réagir les gens. Ils sont aussi inquiets que nous le sommes à la fin de chaque épisode. La source de leur inquiétude c’est la collapsologie, l’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle. Un terme définit par Yves Cochet et Agnès Sinaï comme l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne seraient plus fournis (à un coût raisonnable) à une majorité de la population par des services encadrés par la loi. Cette série incarne leur participation pour lancer un débat médiatique autour de ce concept raccordé à l’urgence écologique. Ils ne cèdent cependant pas pleinement à la panique ; on ne saura jamais vraiment dans la série ni l’origine ni la date précise du point de bascule.

Les personnages ont des réactions profondément humaines et nous ressemblent ; l’identification est immédiate. On sort de cette série avec un malaise profond tant les réactions, les sentiments et les décisions que prennent les uns et les autres sont ancrés dans la nature humaine. Il nous vient ensuite un questionnement intéressant : quel comportement adopterez-vous une fois confronté aux besoins primaires et la nécessité de survivre ? Serez-vous l’égoïste, l’opportuniste, le bienveillant, le solidaire ?

Invisible à l’écran, l’industrie audiovisuelle est pourtant très polluante. Elle dégage environ un million de tonnes de CO2 chaque année. Pour changer leurs mauvaises habitudes, l’équipe des Parasites ont recruté une chargée d’éco-production pour la série. Un poste encore peu présent dans les productions cinématographiques.  Pendant le tournage, différentes actions concrètes ont été mises en place : la distribution de gourdes, la mise en place d’une cantine végétarienne avec tri sélectif, l’utilisation de maquillage bio et de cotons en matière recyclée… Une démarche novatrice, mais surtout cohérente avec les valeurs défendues par le collectif.

Si vous n’êtes toujours pas convaincu.e.s, les trois premiers épisodes sont disponibles gratuitement sur la chaîne Youtube des Parasites. Il faudra ensuite prendre votre mal en patience et attendre un mois pour chaque épisode (sauf si vous avez MyCanal).